L'ambiance était des plus moroses dans ce qui ressemblait à un petit camp improvisé. Seul le chant tremblant de Mélissa maintenait une lueur de motivation dans les yeux de deux de clones ayant survécu. Toutefois, ils semblaient désespérer, même en prenant en compte leur habituel d'émotion. Jeffe était le troisième et dernier clone à avoir survécu. Cependant, il ne semblait plus être complètement là. Il semblait vide, brisé. Il ne réagissait pas à son appel, se levant uniquement au moment où des instructions étaient clairement prononcés, tel une poupée manipulée par un marionnettiste.
La pause n'avait pas été longue, pourtant Alice se leva la première, regardant les deux clones qui écoutaient avec attention le léger chant de Mélissa. Puis, elle fixa Smith qui se leva à son tour, ainsi qu'un autre androïde en veille, faisant manifestement partie de l'escouade de Davis. Cependant, son regard devin fuyant quand elle regarda Jeffe, et n'osa même pas adresser un regard à Davis ou Mélissa, alors qu'elle prenait la parole d'une voix éteinte.
« Le danger n'est pas encore écarté, il y a de grandes chances que nous soyons suivis par ces sortes de démons, la pause est terminée. »
Tout le groupe fixa Alice, n'écoutant pas réellement, ne lui adressant à la place qu'un regard cinglant. Mélissa la regarda à peine, ne stoppant même pas son court chant. Pourtant, le seul qui ne l'avait pas regardé prit calmement la parole, essayant de se lever, sans succès en raison de son absence totale de jambe.
« Alice à raison, plus nous restons ici plus nous risquons la mort. Nous ne les avions même pas vu la première fois. Réactivé Paul, nous levons le camp. »
« Vous prenez sa défense après ce qu'elle a fait ! »
Cria Smith, indigné, le front plissé alors que son visage était déformé par le dégoût et la haine. Davis lui répondit alors, tout aussi calmement.
« Je ne prends la défense de personne, j'essaie simplement de- »
Alice interrompit Davis au milieu de sa phrase, prenant un sourire narquois alors qu'elle commençait de nouveau à jouer un jeu d'acteur.
« Tiens, t'a survécu toi, surprenant. »
Alice se mit alors à rire de manière glaciale, son sourire autrefois ravissant et éblouissant étant désormais terrifiant. Elle continua ensuite à parler, haussant les épaules négligemment.
« Si t'as survécu, ça veut bien dire que tu les a aussi abandonner, que tu les a laisser derrière. Donc ne conteste pas les ordres de ton supérieur en te basant sur tes sentiments. Si nous nous laissons diriger par nos émotions, seule la mort nous attendra. Je pense sincèrement que c'est la raison pour laquelle les clones commandent la majorité de ces petites escouades destinées à se sacrifier pour en apprendre plus sur l'ennemie. »
« Espèce de salope ! Tu les as sacrifiés, et après tu n'as fait que pleurer depuis qu'on est là, et maintenant tu fais ta belle ? Tu oses penser que t'es en mesure de nous donner des ordres ou même des leçons ?! »
Alice ne fit que sourire en réponse, bien que ses pensées soient claires.
[Haïssez-moi, je serais celle que vous détesterez, vous vous unirez contre moi, et ainsi, plutôt que mourir isolés et déprimés, nous survivrons. La colère motive à ce dépasser, c'est la seule émotion utile sur un champ de bataille.]
« Smith, tu hurleras ta haine de retour au camp. »
Déclara Davis, à la place d'Alice. Il ajouta ensuite.
« Je ne cautionne en rien ses actes, mais maintenant que nous sommes là, nous devons rentrer pour nos camarades morts. »
Smith fit claquer sa langue aux paroles de Davis, mais écouta les ordres, commençant à aller de l'avant avec les autres membres du groupe, dont Jeffe, qui commençait à nouveau à porter Davis.
* * *
Le court trajet était pesant pour tous. Mélissa, qui observait discrètement Alice en était la plus consciente. Elle regrettait les paroles dures qu'elle lui avait dites, mais ne pouvait se résoudre à s'excuser, non pas par fierté, mais par crainte qu'elle ait mal évalué Alice. De plus, elle s'était rendu compte qu'Alice jouait un rôle. Que c'était celle qui était le plus proche d'être brisé, pourtant, elle était terrifiée. Terrifier qu'en réalité elle ne joue pas un rôle, qu'elle est toujours été comme ça en son for intérieur. Terrifier que sa première amie soit un monstre plus terrifiant encore que ce qu'ils affrontaient.
Quant à Davis, il semblait anéanti. Il en voulait à Alice, mais plus que tout, il en voulait à lui-même. Il en voulait à son impuissance, de n'avoir à nouveau rien pu faire dans une situation où il aurait dû être celui à se sacrifier pour sauver tout le monde. Mais il s'en voulait par-dessus tout d'avoir fait assumer un tel rôle à Alice. Son ressentiment était mêlé à de la pitié et un sentiment de culpabilité inconcevablement grand qui le rongeait. Il n'avait même pas la force pour s'inquiéter de Jeffe qui ne semblait plus être réellement là. Il n'avait honnêtement plus la force d'avancer. Quand bien même il l'aurait eu, il n'aurait pas pu. Il était désormais le poids mort de ce groupe, celui qui ne pouvait même plus avancer, et il se demandait même s'il ne devait pas simplement disparaître pour alléger le fardeau du groupe, mais lui aussi était terrifié. La mort le terrifiait, il ne voulait pas être abandonné malgré toutes ses autres pensées. Tout était confus, il ne savait même plus ce qu'il pensait vraiment. Pourtant, c'était à lui qu'incombait la responsabilité de commander.
* * *
Quand le camp fut enfin en vue, un faible espoir s'embrasa dans la poitrine des survivants. Pourtant, celui-ci fut immédiatement éteint lorsqu'ils entrèrent dans le camp. Ce qui ressemblait déjà autrefois à une ruine en était désormais véritablement une. Des cadavres d'androïdes jonchaient tous les endroits du camp, les bâtiments étaient détruits, mais aucun cadavre humain ne pouvait être vu, signe que les cinq silhouettes étaient passées par là. Le groupe n'était en réalité pas leur cible, mais simplement un léger contre temps.
C'est à ce moment critique où personne ne savait quoi dire, que Mélissa prit la parole, essayant de parler le plus clairement possible.
« Tout n'est pas perdu, ce n'est qu'un camp. Si nous retournons dans l'autre camp dont Smith, Jeffe, Alice, et moi-même venons, nous serons véritablement sauvés. En plus, il se trouve plus profondément dans les premières lignes, c'est impossible qu'il soit détruit ! »
Ces paroles n'étaient pas spécialement fortes, pertinentes, ou même dites de manière charismatique. Pourtant, pour ces personnes qui avaient perdu toute volonté, cette phrase sonnait comme une lueur d'espoir, la signification que tout n'était pas perdu. Seul Alice s'effondra au sol, les yeux plus vides encore que ceux de Jeffe. Elle ne dit qu'une phrase avant de toucher le sol.
« Pourquoi j'ai fait tout ça moi ? »
Un rire lugubre sortit en conséquence de ses lèvres alors qu'elle était couchée, fixant le soleil en riant plus fort encore, ayant vraisemblablement perdu le dernier fils qui retenait sa raison. Elle avait l'impression d'être le pire des monstres, que les sacrifies qu'elle avait engendré avaient été vain. C'est à ce moment-là que Mélissa en est devenue certaine : ce n'était qu'un rôle qui lui permettait d'avancer et non son vrai visage. Elle s'approcha d'Alice, voulant la prendre dans ses bras, mais Smith l'en empêcha, le regard empli de haine et de ressentiment, frappant d'un coup de pied contenant toutes ses émotions le visage d'Alice.
« Je t'ai dit de fermer ta gueule ! De quel droit oses-tu te plaindre ! »
Mélissa se déplaça en conséquence, essayant d'arrêter Smith, mais Jeffe intervenu avant. Il fit tomber Davis au sol comme s'il n'avait jamais existé en premier lieu, le regard toujours aussi vide. Il alla ensuite prendre le pied qui avait frappé Alice, et le tordit sans la moindre hésitation, fixant Smith au sol, qui avait un visage contenant un mixte d'émotion indescriptible. Jeffe ne dit aucun mot, écrasant son pied sur le visage de Smith, encore et encore. L'étreinte que donnait Mélissa à Jeffe dans l'espoir de lui faire retrouver la raison était inutile. Davis hurlait depuis l'arrière, mais Jeffe ne lui prêtait aucune attention. Le déferlement impitoyable de coup continua jusqu'au moment où Mélissa fit tomber Jeffe à terre d'une simple poussé, lui parlant d'une voix autoritaire.
« Arrête ça immédiatement, si nous nous battons maintenant, nous allons tous mourir ici. Et si tu le met en veille forcée à force de le frapper, il ne pourra plus se battre. »
Malgré ce qu'avait fait Mélissa, les yeux de Jeffe ne changèrent pas le moins du monde. Ils étaient toujours vides. Mais il se leva, reprenant sur ses épaules Davis qui assistait à la scène, plus impuissant que jamais.
« Merci Mélissa ! T'es ma déesse ! »
Dit Smith quand il vit Mélissa s'approcher de lui. Mais contrairement à ses attentes, Mélissa frappa d'un coup de pied contenant toute sa puissance le visage déjà en mauvais état de Smith, arrachant ce qui lui servait de peau, révélant toutes les parties métalliques qui constituait son visage. Elle se dirigea ensuite vers Alice, toujours amorphe suite au coup de Smith. Elle prit Alice par la main, se mettant à genoux près d'elle, parlant d'une voix douce.
« Pourquoi tu as fait ça ? Regarde autour de toi, il reste six autres personnes en vie en plus de nous, tu ne penses pas que c'est une raison suffisante ? Que le camp ne soit plus n'importe pas, l'important, c'est que nous soyons en vie. »
Alice regarda autour d'elle, puis fixa Mélissa, ses yeux ne pouvant libérer la moindre larme en raison de son manque d'eau, alors que les traits de son visage se déformaient de la même manière qu'une personne pleurant silencieusement. Alice était perdue, ne savais pas quoi répondre, ni quoi faire, elle ne savait même pas si elle méritait le soutiens de Mélissa. Mais c'est quand Mélissa l'étreignit avant de la relever qu'elle prit réellement conscience d'une chose qui paraissait pourtant logique à beaucoup d'humains. Avoirs des émotions était une force et non une faiblesse. Cependant, cette prise de conscience ne s'accompagna pas d'un regain miraculeux d'énergie. Elle regarda simplement Mélissa avec un regard épuiser, avant de lui adresser un sourire forcé en se désolidarisant de son étreinte pour tenir debout seule, chuchotant un mot discrètement alors qu'elle se mit à avancer.
« Merci. »
Une fois suffisamment éloignée du groupe, elle se retourna, parlant d'une voix ferme, mais bien loin de celle froide et autoritaire qu'elle utilisait il y a peu. Bien que son visage soit celui d'une personne résolue, et non celui d'une personne pleine de rêve et d'espoir.
« Vous attendez quoi ? Mélissa a déjà donné les ordres non ? On avance jusqu'au camp dont nous venions au début. »
Les clones survivants hochèrent la tête, suivant Alice alors que Mélissa s'empressait de la rejoindre, suivie de près par Davis qui souriait légèrement depuis les épaules de l'inexpressif Jeffe, secrètement soulagé qu'Alice ait de nouveau la force d'avancer.
* * *
Le trajet était long, très long, rien ne changeait dans le paysage désertique ci-ce n'est la position du soleil, et la déshydratation croissante des clones. Mélissa incarnait à elle seule le dernier semblant de motivation du groupe, alors qu'elle chantait de manière légèrement plus détendue durant le trajet. Bien que le chant soit discret pour permettre à n'importe qui d'entendre le plus infime bruit environnant, il n'en était pas pour le moins envoûtant, alors que ses cheveux ardents ressortaient grâce au soleil se trouvant dans sa direction. Cela contrastait avec Alice, situer à l'arrière du petit groupe, que personne ne souhaitait regarder. Le sentiment de répétition d'un même trajet dans le même environnement s'emparait de tout le groupe, mais fut bien assez tôt brisé par les bruits d'un combat lointain.
Divers Sentinelles de première génération, semblable à des robots mécaniques noir, tailler pour le combat avec une tête aplatie, semblaient lutter contre un petit groupe de silhouette d'un blanc immaculé. Cependant, leurs nombres diminuaient à un rythme terrifiant alors qu'un simple mouvement de la main des silhouettes blanche brisait, broyait, brûlait, ou congelait même les sentinelles, donnant l'impression qu'un barrage élémentaire se déchaînait sur ces pauvres machines. Cependant, le plus choquant était que les sentinelles étaient accompagnées d'imposants titans métalliques, mesurant près de trois mètres de haut, faisant concurrence directe au colosse arthropodique en termes de taille. Certains de ses titans avaient une apparence mécanique, ou encore semblable aux sentinelles, si ce n'est leurs tailles totalement différentes. Les plus avancer était cependant semblable à un humanoïde en armure blanche, entrecoupé de ligne noire, équipé d'une imposante arme, faisant paraître les fusils des androïdes pour de simples jouets.
Bien que ces titans brillants de par leurs capteurs optiques de diverses couleurs, les faisaient paraître pour des machines destructrices sur le champ de bataille. Ils se retrouvaient tout aussi impuissant que les sentinelles face à ces silhouettes surpuissantes, ne semblant qu'essuyer très rarement le moindre dommage. Le fait qu'elles ne soient pas intactes, et qu'un liquide d'un blanc pur indissociable de leurs corps suinte de leurs plaie témoignait des efforts déployer par ces machines pour leurs faire face. Bien que le sang rouge s'écoulant des divers titans écraser comme de vulgaires cannettes semblait indique que des humains se battant en leurs sein, se sacrifiant en les pilotant pour stopper l'avancé de leurs ennemies.
La scène invraisemblable fit se figer tout le groupe, restant à découvert derrière ces silhouettes. Tous étaient tétanisés, terrifier de revoir à nouveau le même scénario se dérouler devant leurs yeux, ils ne tardèrent pas à reculer précipitamment, attirant l'attention d'une silhouette qui balaya d'une onde de choc mortelle l'entièreté du groupe. Les androïdes, gravement endommagés par cette simple attaque volèrent dans la même direction. Ma seule chose qu'ils puissent voir avant que leur veille forcée ne s'active en raison des dommages critique qu'ils avaient reçus, était les corps démembrés des clones, et de Jeffe, les accompagnant dans une pluie de sang. Les androïdes les plus chanceux sentirent également certaine partie de leurs corps se dissocier avant de ne plus rien voir. Cependant, les plus malchanceux virent la mort de face, souffrant des plus horribles douleurs possibles, alors que même crier leurs était impossible dans leurs courtes propulsions, semblant pourtant durée une éternité.
Le champ de bataille devint rapidement silencieux. Cependant, les plus malchanceux virent la mort de face, souffrant des plus horribles douleurs possibles, alors que même crier leurs était impossible dans leurs courtes propulsions, semblant pourtant durée une éternité.