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Chapter 34 - Chapitre 31.1: La Voix

Grotte de Habel

Debout, devant une table, Habel écrasait dans un petit mortier de nombreuses plantes médicinales.

<< Qu'est-ce que tu fais ? » Demanda Lesly en entrant dans la pièce.

<< Je prépare un remède pour ma grand-mère. Depuis les événements de cette journée, elle a du mal à dormir et son état ne s'améliore pas… J'espère que cela la soulagera.''

<< Très bien…''

Silence !

Après un moment où seul le son du mortier résonnait dans la grotte, Habel demanda :

<<… Comment te sens-tu ? Est-ce que tu as l'impression de t'affaiblir ? ''

<< Ne t'inquiètes pas, je vais bien. Il l'a fallu des dizaines d'années au kaltir pour venir à bout de ton grand-père, j'ai encore largement de temps devant moi. De plus, je suis certaine qu'on trouvera une solution pour quitter cette île avant que ma vie ne soit en danger.'' Répondit-elle de façon décontractée.

<< C'est vrai, maintenant que l'Idykachi n'est plus là, je suis désormais libre de tenter chacune des idées que j'ai en tête pour partir d'ici.''

<< J'ai hâte qu'on y arrive…'' dit Lesly.

<< Cela fait déjà plusieurs jours que je discute normalement avec toi sans faire le moindre effort de compréhension… c'est une sensation très étrange.''

Lesly expliqua : << C'est toujours comme ça au début, tu finiras par t'y habituer. Le flow brise les barrières de langues et de communications, permettant aux peuples du monde entier de pouvoir discuter entre eux peu importe leurs origines ou coutumes. C'est extrêmement pratique.''

<< Le flow est vraiment incroyable… C'est dommage que tu sois incapable de m'aider à mieux l'appréhender. Pour le moment, je l'utilise par instinct, mais concrètement, je n'avance pas beaucoup…''

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<< J'aurais vraiment aimé t'aider, mais sans le ressentir moi-même, je serai incapable de te guider… Tu ne peux qu'attendre qu'on parte d'ici pour espérer trouver quelqu'un voulant t'enseigner.'' Dit Lesly.

À cette explication, il se contenta d'acquiescer.

Continuant sa préparation sous le regard curieux de Lesly, Habel avait l'air perdu et préoccupé, s'arrêtant de temps en temps au milieu de chaque action qu'il faisait.

Le regardant étrangement, Lesly demanda : << Qu'est-ce que tu as ? Cela fait maintenant plusieurs jours que j'ai l'impression que tu te perds dans tes pensées pendant de longues périodes. Y a-t-il quelque chose qui te tracasse ? »

<< Hum… Rien de grave, ne t'en fais pas.''

<< Si tu le dis… Je vais te laisser. Hamdall m'a invité à déjeuner, je ne peux pas rater ça. Passe une bonne journée ! »

Après son départ, Habel resta, un long moment, perdu dans ses pensées avant de dire :

<< Je ne peux plus continuer comme ça… Je dois mettre tout ça au clair ! »

****

Forêt sombre

Habel s'était rendu une nouvelle fois dans la forêt sombre.

Comparé au passé, il était bien plus confiant en sa capacité de préservation face aux différents obstacles qu'il pouvait rencontrer.

Arrivé à un certain niveau, il sortit la flûte qu'il avait subtilisée à l'Idykachi et entama une douce mélodie.

Après une courte période de performance, le gardien de la forêt se présenta devant lui.

<< Tu es là… ''

Grimpant sur sa tête, Habel ordonna au kaltir de s'enfoncer dans les bois les plus profonds de la forêt sombre.

<< Depuis ma transformation physique, je ressens un appel irrésistible vers cet endroit. Au départ, j'arrivais à ignorer cette sensation, mais plus le temps passe, plus cela s'intensifie. Je dois découvrir pourquoi je ressens un appel aussi fort des profondeurs de cette forêt.''

Habel s'enfonçait profondément dans les bois à l'aide du kaltir, arrivant dans une zone dans laquelle aucun Hall n'avait jamais mis les pieds auparavant.

Le voyage s'était fait en douceur…

Quoi de mieux que la bête la plus intimidante de ces bois pour explorer sans rencontrer de bêtes vicieuses sur le chemin ?

Les bois de cette partie de la forêt étaient d'un noir très profond et d'une robustesse sans équivalent.

Chacun de ces arbres faisait plus de trois cents mètres de haut, avec des racines profondément enfoncées dans le sol, leur apportant une stabilité remarquable.

<< Si Hajim voyait ces bois… Il retirerait immédiatement ses éloges sur le bois de falkor comme étant le plus résistant de Hallguna…''

Après un voyage de plus d'une heure, ils arrivèrent à la bordure d'un lac.

C'était l'endroit le plus profond de la forêt sombre.

La nature avait toujours produit un son quelconque afin de refléter son animation, marquant ainsi sa grande vitalité, mais cette place semblait faire exception à ce principe, car elle était mortellement silencieuse.

L'air était calme, très loin de son impétuosité habituelle. Les chuchotements des plantes ou des insectes semblaient comme proscrit.

S'il y avait un endroit méritant le nom de forêt sombre, ce serait certainement cet endroit, car pour la première fois, depuis qu'il y avait plongé… La lumière avait réellement disparu.

Il ne parvenait à voir ce qu'il l'entourait que parce que sa transformation physique lui avait donné la capacité de voir aussi bien en plein jour, que dans l'obscurité totale.

En face de lui, au milieu du petit lac à la coloration noire, un lopin de terre légèrement sorti de l'eau habitait une petite bâtisse semblable à une case.

C'était la description la plus proche que Habel pouvait se faire d'elle, tant cet abri ne ressemblait à rien de ce qu'il avait déjà vu.

Elle possédait des matériaux qui lui étaient inconnus, ainsi qu'un charme étrange, mais attirant.

<< Avance ! » Ordonna Habel.

Son ordre reçut une certaine résistance de la part du kaltir, ce dernier semblant étrangement apeuré.

Depuis son arrivée devant le lac, Habel pouvait sentir une certaine peur émané du kaltir, mais en insistant, le kaltir dû se résigner et plonger au sein du lac noir.

De façon assez surprenante, le lac était assez profond pour empêcher les pattes du kaltir d'atteindre le fond, l'obligeant à nager.

Alors qu'ils étaient à mi-chemin de l'arrivée, Habel sentit soudain son sang se glacer, son échine tombant dans un froid mordant, le plongeant dans la peur, sous sa forme la plus primale.

Habel tremblait de tout son être, n'osant même plus respirer ou bouger.

Il avait l'impression que le moindre écart de sa part conduirait à sa mort certaine.

Dans les profondeurs du lac, deux immenses pupilles rouges les fixaient, semblant les analysés entièrement, les immobilisant complètement durant le processus.

Cela ne dura que quelques instants avant que ses yeux inquisiteurs ne se referment, mais pour Habel, il eût l'impression que de longues minutes venaient de s'écouler…

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Arrivé sur la berge, Habel s'écroula, respirant fortement, n'arrivant pas à croire qu'il était encore en vie après avoir rencontré une telle bête.

Il n'avait senti aucune présence avant l'apparition et après la disparition des pupilles de ce monstre, cela avait été présent durant un court laps de temps…

Pourtant, il en était certain, un monstre indescriptible habitait les profondeurs de ce petit lac.

Non ! Le désigné de ''petit'' serait stupide.

Chacune des pupilles de ce monstre faisait plusieurs fois la taille du corps entier du kaltir.

C'était davantage sa perception des dimensions du lac qui était erronée plutôt qu'autre chose.

Un monstre d'une telle amplitude ne pourrait certainement pas vivre dans ce lac s'il était vraiment minuscule.

Habel avait toujours cru que la bête la plus effrayante de ces bois était le gardien de la forêt, mais c'était de la pure ignorance.

Désormais, il avait conscience que dans les tréfonds de la forêt sombre, il existait un véritable monstre, auquel même le kaltir n'oserait pas se confronter.

<< Je me demande pourquoi ce monstre nous a épargné… Enfin, cessons de penser à ça. Maintenant que je suis là, je n'ai plus qu'à entrer.''

Laissant le kaltir sur le rivage, Habel se mit à monter les marches menant à la porte de cette bâtisse.

Touchant le poignet, ce dernier s'affaissa et la porte s'ouvrit, aspirant Habel à l'intérieur.

Habel se retrouva au milieu d'un long couloir de façon incompréhensible.

Se retournant, la porte par laquelle il était entré avait complètement disparu.

<< Comment l'intérieur de cette petite case peut-elle être aussi grande ? »

Pris de panique, Habel décida de reprendre son calme.

'C'est la deuxième fois que ça m'arrive en l'espace de quelques minutes. Je ferais mieux d'oublier toute logique d'espace tant que je serais ici.'

Ayant retrouvé son calme, Habel se mit à avancer lentement dans ce long couloir peint de blanc éclairé par des torches de flammes.

De par et d'autres du couloir, après chaque pilier, d'énormes statues étaient positionnées là.

Il y avait des sculptures d'humains, ainsi que des races qu'il n'avait jamais vu auparavant.

Chacune d'entre elle était immobile, mais Habel avait l'impression de les entendre respirer, comme si elles étaient toutes vivantes.

Arrivant au bout du couloir, une porte énorme sur laquelle était peint un signe mystérieux s'ouvrit d'elle-même.

Entrant, les portes derrière lui se refermèrent.

Cette nouvelle pièce était peinte en gris et en marron, mais avait une forme circulaire et les murs semblaient encore plus hauts qu'auparavant.

Mais tout cela, Habel ne le remarqua pas.

Son attention étant complètement dirigée vers l'immense et seule sculpture de cette pièce.

La sculpture était composée d'un trône immense avec reposant dessus un homme d'une prestance exceptionnel, au charisme flamboyant et aux traits parfaitement définis.

<< Ce visage… C'est le même qui est présent sur les statuts présentent partout sur l'île, de la porte principale du village jusqu'au trône sur lequel repose le Kachi. Qui peut-il bien être ? »

Observant attentivement la statue, il vit des inscriptions au-dessus d'elle :

<< Ces caractères sont similaires à ceux qui m'ont été enseignés par grand-père Vald, c'est le langage de l'extérieur ! »

Habel se mit alors à lire attentivement ceux qui étaient marqués :

[ ICI REPOSE LE MESSIE DES OMBRES ]

Bang !

Quand il finit de lire ce titre, le sol au centre de la pièce se découvrit, amenant à la surface un livre flottant dans les airs.

La couverture du livre était sertie d'or alors que la couleur la plus dominante était d'une écarlate resplendissante.

Attiré par le charme dégagé par ce livre, Habel entra en son contact.

C'est alors que de tous les coins de la salle résonna une voix ancienne :

<< Après des milliers d'années d'attente, tu es enfin là… Mon enfant.''