La chambre était plongée dans l'obscurité, seule la lueur de la lune traversait les rideaux à moitié fermés. Erevan Marmaric ouvrit les yeux, reprenant conscience dans une pièce qu'il ne reconnaissait que trop bien. C'était sa chambre à Aynor, la ville où il avait grandi avant de la quitter pour rejoindre l'académie impériale de Gammalon.
Il se redressa brusquement, le souffle court, sa main cherchant instinctivement son pendentif, ce même pendentif qui avait été son amulette protectrice pendant toute sa vie...
Mais il était mort! Il en était sûr.
L'académie, la maîtrise de la nécromancie, sa mort pendant la bataille contre les géants... tout cela avait été sa réalité.
Se précipitant vers la table à côté du lit, il saisit un miroir et se fixa intensément. Ce qu'il vit lui coupa le souffle. Son reflet lui renvoya un visage juvénile, dépourvu des marques du temps et de la magie qu'il avait maîtrisée. C'était comme s'il était revenu en arrière. Assez loin pour qu'on ne lui donne qu'une dizaine d'année.
Le choc le saisit tandis qu'il scrutait ses propres traits, se remémorant chaque détail, chaque ride effacée, chaque ligne temporelle supprimée de son visage. Son regard se figea alors qu'il tentait de comprendre ce qui s'était passé. Était-ce un rêve ? Une illusion ?
Pourtant, l'atmosphère familière de sa chambre, les objets précisément disposés, tout était authentique. Il se souvenait clairement de cet endroit, de ses parents, de ses premiers pas dans l'apprentissage de la magie. Mais comment était-il revenu ici ?
Alors qu'Erevan se trouvait dans sa chambre, le regard perdu dans les méandres de sa propre confusion, une douce et familière odeur flotta soudainement à travers la maison. C'était une fragrance réconfortante, un mélange d'épices subtiles et de douces herbes, portant avec elle des souvenirs de son enfance.
Il se redressa, son esprit captivé par cette senteur familière qui remplissait subitement l'air. C'était un plat que sa mère préparait souvent lors des moments de réconfort, un ragoût aux légumes des terres environnantes, infusé d'épices provenant des marchés de la ville.
Les souvenirs affluèrent alors qu'il se laissa submerger par cette odeur. Il se revoyait, enfant, assis à la table de la cuisine, tandis que sa mère s'affairait autour des chaudrons, créant ces plats réconfortants qui semblaient apaiser les tourments les plus profonds.
C'était une odeur qui avait traversé les années, qui avait été son ancre pendant ses années à l'académie, lorsqu'il étudiait avec acharnement la nécromancie et se battait pour maîtriser les arcanes les plus sombres de la magie.
Pour un instant, ce fumet lui offrit un répit, l'arrachant au tumulte de cette réalité altérée. Elle lui rappelait une époque où les choses étaient simples, où il n'était qu'un jeune étudiant, avant que le destin ne le propulse dans un tourbillon de guerres et de magie.
Étrangement, dans ce monde transformé, cette odeur semblait être un phare, une constance rassurante au milieu du chaos. Elle le ramenait à ses racines, à son foyer, à l'amour et à la chaleur de sa famille.
Une lueur de nostalgie teintait son visage alors qu'il se laissait emporter par cette odeur évocatrice, se remémorant chaque détail de ces moments simples et heureux avec sa famille.
Erevan se précipitait à travers la maison de ses parents, une modeste demeure qu'il avait quittée des années auparavant pour poursuivre son apprentissage à l'académie impériale, son cœur battait la chamade.
Il atteint la cuisine. La porte s'ouvrit, et ses parents se trouvaient à l'intérieur, vaquant à leurs occupations habituelles, comme s'ils n'avaient pas remarqué de changements particuliers autour d'eux. Son père était en train de réparer une chaise, sa mère préparait le dîner.
"Erevan, mon cher, tu es de retour," dit sa mère en souriant chaleureusement, comme si c'était tout à fait naturel de le voir apparaître.
"Bonjour, fils," dit son père, levant les yeux de son travail pour lui adresser un sourire cordial.
Erevan resta sans voix un instant, réalisant que pour ses parents, rien n'avait changé. Il était toujours leur jeune fils, sur le point de partir pour l'académie impériale.
"Je suis de retour," parvint-il à dire, tentant de contenir l'émotion qui le submergeait.
"Tu es prêt pour l'académie ?" demanda sa mère, interrompant brièvement ses tâches pour le regarder avec affection.
Erevan se sentit submergé par une vague d'émotions. Ils ne savaient pas ce qui s'était passé, à quel point le monde avait été bouleversé dans cette réalité altérée.
"Bientôt," répondit-il, un mélange de tristesse et de confusion se lisant sur son visage. "Il y a quelque chose que je dois comprendre avant de partir."
Ses parents acquiescèrent, comprenant que leur fils avait besoin de temps pour résoudre quelque chose, même s'ils ne comprenaient pas exactement quoi.
"Nous serons là pour toi, comme toujours," assura son père, lui offrant un sourire encourageant.
"Tu es fort, Erevan. Tu vas trouver les réponses dont tu as besoin," ajouta sa mère, lui adressant un regard empli de confiance.
Son passé s'entremêlait étrangement avec ce présent rajeuni. Il devait comprendre ce mystère, cette seconde chance offerte par une magie qu'il ne comprenait pas encore. La quête pour comprendre son retour avait commencé, et avec elle, la possibilité de façonner un nouveau destin pour Hexerus.