"Attrape-le !" Ce furent les premiers mots qu'on lui adressa ce jour-là.
Il courut de toutes ses forces pour échapper à ses poursuivants.
Pendant sa course, il utilisa l'un de ses pieds pour détruire un petit stand de nourriture qui se trouvait sur son chemin, ralentissant ainsi ses poursuivants. Lorsqu'il eut assez de distance entre lui et eux, il les dévia en empruntant une petite ruelle qu'il était le seul à connaître.
Tout fier de sa fuite réussie, il reprit son souffle petit à petit.
Oui, c'était un sac rempli de vivres et d'eau qu'il avait volé à des commerçants qui étaient ses précédents poursuivants.
Disait-il d'une voix fatiguée. Il prit le sac et commença à escalader les parois rocheuses des murs afin d'arriver au sommet du bâtiment, là où il allait entreprendre de multiples acrobaties de maison en maison sans pour autant causer du grabuge. Il était aussi souple qu'un chat errant.
La ville dont il vivait était toujours enveloppée d'une fine et mystérieuse brume qui ne partait point, créant une ambiance lugubre. Ses bâtiments et habitants étaient tout aussi bizarres, composés principalement d'humains et de demi-humains, mais aussi d'autres races bien exotiques. Des gens dont le passage est inquiétant et dont le futur est imprévisible.
C'était dans cette atmosphère qu'il vivait au quotidien. Chaque jour était une lutte pour survivre et ne pas sombrer dans la folie.
Pensa-t-il tout en soufflant et en continuant ses acrobaties.
Il rédigea toutes ses pensées d'une air bien triste sur son visage. Il s'arrêta un instant sur le bord d'une maison qui était en très mauvais état d'ailleurs. Il se mit à se perdre encore plus dans ses pensées.
Il se tenait assis sur le bord de cette maison en ruine avec son sac de vivres volé. Il l'ouvrit et en sortit un livre qu'il avait secrètement pris sur le bord d'une table pendant qu'il s'enfuyait.
Il le tint fermement et essaya de lire le nom du livre, mais bizarrement, ce livre n'en possédait aucun.
Disait-il d'un air curieux mais méfiant.
Devant cette situation particulière pour Chrone, il était méfiant. Certes, cet événement où un livre n'a pas de nom n'aurait pas inquiété d'autres personnes, mais lui, son instinct lui disait de se méfier du contenu de ce livre, et juste à présent, s'il a réussi à survivre dans cette ville aussi dangereuse et chaotique, c'est uniquement grâce à cela.
Il prit le livre et le remit dans le sac malgré tout.
Au moment où il s'apprêtait à sortir pour partir, il ressentit une forte aura derrière lui.
La peur l'envahit, il était terrifié par ce qu'il ressentait, tellement que sa bouche ne lui permit pas de continuer sa phrase.
Disait-il d'une voix infernale.
Chrone tourna la tête doucement sans faux pas.
Il aperçut un homme vêtu de noir, portant un masque en argent et une forte aura meurtrière qui le couvrait.
<< Un assassin ? Non, aucun assassin ne prendrait la peine de discuter et de dégager volontairement une telle aura. "On dirait bien qu'un chiot a du mal à respirer," ajouta l'homme, suivant ses paroles. L'aura qu'il dégageait diminuait, permettant à Chrone de reprendre son souffle.
Pensa-t-il d'un air paniqué et essoufflé.
Il regarda l'homme d'un air soulagé et prit son temps pour l'analyser.
Toute cette réflexion semblait impatienter l'homme qui commençait à bouger et à marcher lentement vers Chrone. Il s'approcha doucement et s'arrêta à quelques mètres de lui.
Immédiatement, il s'exécuta. Il ouvrit le sac, prit le livre, et le tint devant cet inconnu masqué.
Chrone ne sentit plus son bras gauche, celui qui tenait ce livre.
Tant de questions envahirent son esprit en si peu de temps. Pendant qu'il se faisait toutes ces réflexions, il observait le masque de l'homme une nouvelle fois, qui s'était déformé pour laisser place à un sourire terrifiant.
Tout en pensant, il perdit l'équilibre et chuta depuis le toit de la maison. En tombant, il se fit transpercer la poitrine par des pics en acier d'une barrière qui se trouvait plus bas.
Tout en crachant du sang, entre la vie et la mort, il observa la lune pour ce qui lui parut être la dernière fois. Il eut une dernière once de réflexion.
Puis, les larmes se mirent à couler tout en fermant ses yeux.