La plupart de nos impies ne sont que des dévots révoltés.
Antoine Rivolari
Pierre François, New York
Une fois arrivé à l'adresse de madame Pierce, le calme qu'on y trouva me fit l'effet d'une claque sur le visage. En général, les enlèvements qu'on signalait amenaient un cortège de journalistes sur les paliers des familles et on ne remarqua ni les journalistes ni les policiers qui théoriquement devaient être camouflés pour surveiller toutes activités suspectes aux environs de la maison. Mick lui aussi semblait trouver cela bizarre et d'un regard consentant, on sortit nos flingues, vu le nombre de corps qu'on a eu depuis le début de l'enquête on ne comptait pas faire partie des décomptes. Le silence devenait pesant et je fis signe à Mick de passer par l'arrière et moi j'irai par l'avant, mais un cri déchirant transperça la nuit et on a eu le macabre spectacle des corps de deux flics en uniformes avec leurs têtes loin de leurs troncs. Mick me fit signe qu'il prenait par-derrière et moi je pris la direction de la porte principale.
Je poussais la porte principale en prenant soin de ne pas m'exposer à un tireur, je vis les corps de trois agents du FBI sur le sol tous décapités. J'avalais difficilement ma salive, tout en me disant que le tordu qui à fait cela devait être encore à l'intérieur. J'avançais avec prudence dans un living-room richement meublé avec du sang sur tout le sol. Je n'eus pas le temps de comprendre le reste des évènements, car ce fut mes réflexes qui me sauvèrent encore une fois la vie ; un homme vêtu tout de noir fonçait sur moi avec un katana et je fis feu sans somation. Il tomba sur le sol et son sabre me manqua de peu, il portait une cagoule et je remarquai qu'il avait dans sa ceinture un 9 mm pourquoi il ne s'était pas servi de son arme plutôt que ce foutu katana et c'était quoi l'idée de jouer au ninja. Je n'eus guerre le temps d'approfondir ma réflexion, car mon loubar se remit debout comme s'il n'avait pas reçu trois pruneaux en plein dans le bide et je savais qu'il les avait reçus je voyais du sang sortir des points d'impact, mais il était bien la debout devant moi avec son menaçant Katana. Je fis encore feu en visant la tête mes trois coups firent mouche, mais ce maudit démon continuait à avancer vers moi. Je me disais que mon compte était bon quand une voix familière que je n'avais pas entendue depuis des années me cria de me baisser ce que je fis sans réfléchir, car il fut un temps ou on était comme les deux doigts de la main. Je vis une dague venir se planter entre les deux yeux du malabar et il tomba sans se relever cette fois. Mon regard se posa sur mon frère jumeau qui se pencha pour ramasser sa dague, et disant d'un ton chaleureux comme s'il venait juste de me voir après 5 minutes de séparation.
- Il faut foutre le camp il y en a d'autres qui s'amènent
- D'autres quoi ?
- Des dévots… je vais tout t'expliquer, mais il faut foutre le camp
- Minute je suis de la police et je vais signaler ces homicides et toi tu vas m'expliquer ce que tu fais ici.
Il me regarda avec un sourire narquois t'es potes sont tous là gisant sur le sol tu veux en appeler d'autres pour qu'ils crèvent. Je n'eus pas le loisir de lui répondre, car la voix de Mick se fit entendre dans un cri de détresse. J'allais foncer dans la direction du cri quand mon frère me retint par le bras et me lâcha.
- Ils sont là, ton coéquipier est mort foutons le camp.
Je savais dans mon for intérieur qu'il disait vrai, mais cela me faisait un mal de chien de ne pouvoir buter les coupables. Je suivis mon frère dans une rue parallèle en faisant attention à ne pas nous faire repérer des nouveaux arrivants qui ne payaient pas de mines. Il enfourcha une moto, il avait pris le soin de la garer à une certaine distance et me tendit un casque. On prit la direction des banlieues de New York.
Mon cerveau avait du mal à mettre les évènements dans un ordre logique toute cette histoire devenait merdique, j'avais l'impression que l'enfer était sur terre. J'avais hâte d'entendre les explications que ce con de Paul allait me fournir.
On arriva devant un vieux château de style victorien qui semblait abandonné, Paul me fit signe de le suivre et il ouvra la porte me guida dans les différentes salles qui étaient toutes en ruine, mais le chauffage et l'électricité fonctionnaient ; on arriva à la cuisine il prit deux verres nous servîmes du scotch qu'on vida d'un trait puis il nous resservit encore, on alla s'assoir à la table à manger face à face là je remarquais la tension et les cernes de fatigue sur son visage. Il prit une vive inspiration et commença à me compter son histoire :
- Bon te connaissant je vais faire court et je te prierai de poser tes questions après, car je sais déjà qu'elles vont être nombreuses. Pour commencer tout comme toi après l'Afghanistan, j'ai juste changé de guerre, toi les forces de police moi j'ai été contacté par un autre genre de police, celui du Vatican ….Au début je pensais que j'entrais dans la garde suisse, mais j'ai vite compris que mon détachement s'occupait des trucs du genre Van Helsing plutôt que de zinzins voulant dézinguer le pape. J'ai eu affaire à des monstres, des démons et un paquet d'autres choses don je tairai le nom... Il s'arrêta pour boire un coup puis se resservit.
- Tu espères franchement que je vais gober cela ?
- Depuis que tu travailles sur ce cas, ose me dire que tu n'as pas entrevu des trucs que la logique seule ne peut expliquer
- Oui, mais ...
- Comme je te disais, je combats des monstres et depuis approximativement un an on soupçonne que la fin approche et j'ai pour mission de l'empêcher
Là, je lâchais un fou rire j'espérais en mon for intérieur qu'il allait se mettre à rire lui aussi, mais son visage resta de marbre et là je sus qu'il ne rigolait pas, car Paul ne gardait son sérieux que quand c'était vraiment grave.
- Tu sembles avoir compris, je vais avoir besoin de ton aide pour retrouver Lilith
- Qui ? lâchais-je sans trop comprendre de qui Paul parlait.
- Lilith la première femme d'Adam, la mère d'une grande partie des monstres.
- Comment vais-je t'aider à retrouver un phénomène pareil mon pote
- C'est ta gérante Pierce.
- Si je te suis bien Pierce est une démone et que vient elle faire dans ma ville.
- Laisse-moi te mettre au courant du problème après on verra comment on va pouvoir s'aider mutuellement. Comme je t'ai dit la fin du monde approche, mais pas celle de la bible, une très différente ou l'enfer, le paradis et la terre vont tous disparaitre.
- Comment cela se peut-il?
- Bon disons qu'une autre entité aussi balaise que Dieu s'est réveillée et veut prendre les gouvernes de l'univers.
- Que compte faire le grand Dieu pour remédier à ce bordel ?
- Il a toi, moi et beaucoup d'autres pour mener la guerre en son nom.
- Qui te dit que moi Pierre François je tiens à sauver le monde pourrit dans lequel je vis ?
Paul se mit à rire et son regard devient profond et il continua en ces termes
- Combien de fois tu t'es porté au-devant du danger pour sauver un frère d'armes ? Combien de fois tu as défendu le faible sans prendre garde à ta vie ? tes cicatrices à elles seules disent plus long sur ta motivation mon frère. On a beau vouloir vivre en paix, mais on finit toujours par se mettre des gens à dos au nom de la justice. Nous sommes ainsi, toi et moi, Dieu nous a fait ainsi.
- Parle pour toi Paul, moi j'arrête les frais...
- Tu vas me laisser seul contre toutes ces pourritures du monde infernal ?
- Putain Paul comment nous pauvres humains allons pouvoir détruire des monstres ?
- Parce que toi et moi mon petit Pierre nous avons été créés pour cela...
- Je n'ai pas pu buter ce ninja et tu veux que je tue des démons
- Tu as tout simplement utilisé la mauvaise arme, on s'égare du sujet principal. Le monde risque de s'éteindre si on échoue. L'entité dont je te parle a envoyé son enfant sur cette terre pour nous détruire
- Un enfant ?
- Oui, un enfant qui sera son arme de destruction massive et Lilithe veut utiliser le pouvoir de l'enfant à des fins plus personnelles. Nous devons lui reprendre l'enfant si elle l'a encore.
- Hum laisse-moi voir et quand on l'aura ce sera quoi la suite frangin on le liquide.
Paul me regarda comme si c'était une évidence.
- Non non il est hors de question de buter le petit.
- On en reparlera quand on l'aura trouvé Pierre on joue l'avenir du monde et si tu t'es pas rendu compte que chaque sauvetage de l'humanité se fait dans le sang.
- Garde tes cours de théologie à deux balles pour toi on ne va pas assassiner ce petit
- Écoute-moi bien Pierre je n'ai pas envie d'assassiner un enfant, mais cette chose quand on la trouvera il faudra la détruire. Car sous ses apparences d'enfant elle est le bourreau de l'humanité.
- Bordel de merde… Je suppose que t as raison, mais pour le moment je ne peux accepter cela on en reparlera quand on l'aura trouvé.
Paul n'avait pas l'air satisfait de ma réponse, mais n'insista point comprenant qu'il me fallait du temps pour assimiler tout ce chaos qui me tombait dessus.
- Pour le moment François même si je voulais l'éliminer je ne pourrais pas.
- Comment cela ?
- Il nous faut le sang du christ pour le faire
- Hein… Demande à un prêtre de bénir le vin et hop…
- Ce n'est pas aussi simple il me faut le sang du Christ son vrai sang celui qui a été gardé dans le saint Graal.
- Tu ne vas pas me sortir une réflexion à la Dan Brown, genre il faut retrouver le descendant de Jésus sur terre.
- Non pas du tout je te parle de la relique qui contenait le sang du christ, son sang fut récolté le jour de sa crucifixion.
- Hum, je croirais entendre un compte du roi Arthur… Bon, on le trouve comment ton saint Graal.
- C'est plus facile à dire qu'à faire.
- Tu ne vas pas me dire que tu n'as aucune idée.
- Pour le moment, ce n'est pas notre quête.
- Ben voyons on fera quoi quand on se retrouvera devant bébé tout puissant ? on dira coucou mon chéri tu veux bien crever ?
Paul se mit à rire à tue-tête, tu m'as vraiment manqué Pierre toujours ton sens mélodramatique. Je ne sais pourquoi son rire était contagieux et je me mis à rire aussi, je me rendais compte que même dans le merdier sans fin que nous étions cela me faisait plaisir de revoir mon frère.
Un bruit de pneu et une voiture qui s'arrête changèrent l'atmosphère ; je regardais Paul avec un regard inquisiteur et je compris tout de suite qu'il n'attendait pas de visite. Il alla regarder par la fenêtre en prenant soin de ne pas s'exposer et me fit signe de venir voir et là je découvris mon coéquipier Mike en compagnie d'un blondin qui avait l'air de sortir tout droit d'un film de terminateur. Paul croisa mon regard et semblait comprendre les questions qui me passaient par la tête.
- Pierre ce n'est pas ton ami, un démon a dû prendre le contrôle de son corps.
- Comment peux-tu en être si certain ?
- On va vite être fixé …
- Comment ?
- La maison est protégée par trois cercles magiques le premier retient les démons et les dévots, le second les anges.
- Le dernier contre quoi ?
- Les humains qui seraient trop curieux pour venir voir en mon absence.
On porta notre attention sur les deux nouveaux arrivants, le blondin menait la marche comme s'il savait où il allait. Il s'arrêta soudainement et regarda le sol, je sentis à ce moment la respiration de mon frère s'accélérer comme un taureau qui allait charger, mais l'inconnu se releva et continua sa marche vers la maison. Paul lâcha un juron et je compris à ce moment que sa première ligne venait d'être brisée puis je vis une vive lumière et le blondin continua à avancer. Paul me tendit une dague et il prit une épée en disant :
- Ce n'est ni un dévot, ni un démon j'ai cru que c'était un ange, mais il est différent, on va devoir combattre.
En mon fort intérieur je doutais qu'on allât pouvoir faire grand-chose, mais comme tout soldat quand il faut monter au front on y va et on s'en fout du reste. Une voix calme distincte se fit entendre de l'extérieur.
- Paul, je sais que tu es là… Je viens en ami…
Paul me regarda et il me fit signe de le suivre, il ouvra la porte et mon regard croisât celui de Mike; je sus à ce moment que c'était bien mon ami qui était là non un putain de démon. Mais ne connaissant pas ce monde infernal je préférais me fier au jugement de Paul pour le moment. Ce dernier était là en train de juger le blondin du regard.
- Ton nom ?
- L'exterminateur pour certain …purificateur pour d'autre, mais pour vous ce sera Michael
Paul devint livide et sembla perdre pied.
- Tu es une légende …
- Tout comme toi pourfendeur de Titan
- Tu es dans quel camp maintenant ?
- Celui du père.
- Tu penses que je vais te faire confiance…
L'atmosphère se changea et sans comprendre on se trouva figer et le blondin était derrière nous et il lâcha d'un ton qui ne tolèrerait pas de résistance.
- Je n'ai pas le temps pour jouer à qui à de plus grosse paire de couilles Paul, j'ai besoin de ton aide pour empêcher le monde de disparaitre me comprends tu ?
- Reçu 5 sur 5.
Tout devient plus léger et on entra dans la maison.