J'ai regardé la lycéenne et ça me dit qu'elle a ce genre de complexe de princesse. La jupe courte, le maquillage épais, les ongles peints et les fausses extensions en disent long. Je n'ai même pas besoin de voir son apparence, juste cette petite phrase qu'elle a lâchée plus tôt le révèle.
Cependant, je sais que certains d'entre eux n'ont que cette carapace extérieure qu'il faut briser pour voir qui ils sont vraiment. J'ai l'impression que ce n'est qu'une forte façade en regardant les marques noires sur le dos de ses mains et les traces d'eye-liner qui s'estompent sur son visage de côté.
"Elle doit pleurer beaucoup, sans qu'il s'en aperçoive. C'est quand même gênant d'avoir affaire à ce genre de personne." Je me suis dit.
En regardant le gars, il a l'air d'un type très simple, à part cette machette à la main.
Il a poussé un long soupir mais il a continué : "Monsieur, sa famille est loin et nous n'avons pas d'endroit où aller, nous contribuerions aussi chez vous puisqu'elle ne veut pas aller dans les camps de la DDR. Je ferais sa part aussi, tant que vous nous accueillez."
"Elle vient de perdre sa mère mais il pense encore à elle ?" Je me suis dit.
"Non ! Nous restons dans cet endroit !" s'est-elle exclamée.
Une partie de la foule montre du dédain envers la fille qui continue à parler. J'ai regardé le gars, mais il s'inquiétait pour elle.
"Vous sortez ensemble ?" J'ai dit platement.
La fille me regarde fixement tandis que le garçon se gratte la tête.
"Non monsieur, nous sommes juste des amis d'enfance." dit-il.
J'étais sur le point de prendre les deux aussi, car je pense pouvoir me débrouiller, mais j'ai réfléchi un peu et j'ai essayé de tâter le terrain.
"Je ne prendrai qu'un seul d'entre vous. Choisissez." J'ai dit.
Le groupe à l'intérieur a été choqué. Les deux lycéens étaient visiblement secoués par ma déclaration.
"Prenez-la s'il vous plaît ! Je vais aller aux camps tout seul !" a-t-il immédiatement répondu.
Sa voix tremblait et ses genoux tremblaient mais il se tenait toujours droit. La jeune fille tremblait également mais son visage laissait apparaître une pointe d'inquiétude.
"Bonne réponse, il n'y a pas eu un seul moment de réflexion". Je me suis dit.
"J'ai changé d'avis, et si vous la laissiez ici ? Elle a dit qu'elle voulait rester ici et il y a beaucoup de provisions ici, non ? Je te donnerai aussi une arme, qu'en dis-tu ?" J'ai dit avec un regard froid. J'ai même sorti le Glock et l'ai posé sur la table.
"Sky, je pense que c'est trop." Allan a dit.
J'ai tourné la tête autour d'Allan et je lui ai fait un clin d'œil. Il m'a donné un regard de compréhension et il a immédiatement arrêté de parler. Il a même placé ses mains dans une position qui dit 'd'accord, je n'interviendrai pas'.
"Je, ah- s'il vous plaît prenez-la à la place !" dit-il encore en faisant une énorme révérence vers moi puis il a commencé à s'agenouiller, il tremble maintenant de partout. La fille tremble maintenant, elle se mord les lèvres et je vois des larmes couler sur ses joues, mais le gars ne s'en rend pas compte puisqu'il est en face d'elle.
"C'est une salope au fond ? A-t-elle besoin d'un coup de pouce supplémentaire ?" Je me suis demandé.
"Prenez-le, s'il vous plaît ! Laissez-moi ici !" a-t-elle lâché. Elle a alors commencé à brailler devant tout le monde. Le type a regardé derrière lui et l'a vue pleurer à chaudes larmes. Il s'est levé et a commencé à la serrer fort dans ses bras. C'est comme un film ringard qui est tellement exagéré que j'ai presque eu peur, même si j'étais soulagé.
"Comme je m'y attendais la première fois, les enfants de nos jours." Je me suis dit.
"Je suis désolée Chris, je suis toujours cette salope que tout le monde déteste, je suis désolée... Je suis..." elle a dit.
"Ca va aller, on peut rester ici si tu veux." Il a dit.
"Tu sais que c'est la seule vérité qui soit sortie de ta bouche aujourd'hui." J'ai dit à la fille.
"Quoi ?" La fille me fixait en disant ça.
La foule avait aussi ce regard mêlé de confusion sur leurs visages. Bien que quelques-uns fassent un signe de tête de compréhension.
Je m'approche des deux en m'accroupissant.
"Le monde est devenu de la merde et vous gardez toujours cet extérieur dur. Bien qu'il n'y ait rien de mal à cela, je suis votre meilleure chance de sortir d'ici. Si tu ne me fais pas confiance, très bien, je comprends, mais je suis resté ici pour vous tous. J'aurais pu prendre mon ami ici et partir plus tôt et vous laisser tous derrière, mais je ne l'ai pas fait. Dans mon livre, je pense que ça veut dire quelque chose." J'ai dit en la regardant.
Elle baisse la tête et je continue : "Ton ami reste collé à toi malgré ce que tu lui dis, je pense qu'il connaît ta vraie nature et c'est rare. Je t'aurais donné dix gifles pour que tu arrêtes ce que tu fais. J'ai plus de problèmes à penser que de supporter ça et c'est pour ça que j'ai essayé de vous tester tous les deux. Nettoyez-vous et faites vos bagages comme Allan ici présent, pas seulement ça sur vos petits sacs à dos. Êtes-vous d'accord pour vous installer avec quelques personnes ou avez-vous besoin d'une chambre ensemble chez moi ?"
Chris a souri en me regardant et il s'est incliné une fois de plus tandis que la fille me fixait avec confusion. Elle a essuyé ses larmes et le motif restant sur ses yeux et sur ses mains a confirmé mon intuition.
Allan les a ensuite guidés dans les allées et leur a dit ce qu'ils devaient apporter. Alors qu'ils s'éloignaient, je l'ai vue se retourner vers moi et elle m'a fait une petite révérence. J'ai fait un petit salut tandis qu'ils continuaient leur chemin.
J'ai pris quelques canettes de café avec quelques snacks puis je me suis dirigé vers le toit pendant que Juan et Jenny restaient près de la porte en bas.
Troisième jour
Je suis resté à monter la garde toute la nuit et quand mon horloge a affiché 2 heures du matin, j'ai vu quelque chose de très différent.
J'ai vu une silhouette courir en ligne droite sur l'autoroute. Il fait encore très sombre et je n'arrive pas à distinguer ses traits. J'ai essayé de regarder dans ma lunette mais elle a facilement couvert la distance et était déjà hors de mon champ de vision. Heureusement que j'ai pointé mon casque vers elle pour au moins capturer un peu d'images.
"C'était quoi ce f.u.c.k. ? C'est une personne ou un zombie ?" Allan a dit.
"Une mutation ? F.u.c.k. ! Il évolue peut-être plus vite ou c'est un cas particulier ?" Je me suis dit.
J'ai veillé jusqu'au matin tandis qu'Allan s'assoupissait de temps en temps. Nous avons parlé de certaines choses, comme de l'enceinte et du fait que Ken y est aussi. J'ai regardé en bas à quelques reprises et il y a beaucoup moins de monde qu'hier, ce qui rendrait le travail plus facile plus tard.
J'ai quitté Allan après l'avoir réveillé et j'ai commencé à cuisiner pour tout le monde en bas quand c'était presque le matin. J'ai toujours cuisiné la même chose qu'hier mais j'en ai fait beaucoup plus. J'ai aussi ajouté des crêpes pour les enfants. Quelques-uns d'entre eux se sont réveillés à l'odeur et en bavaient déjà. Je les ai tous réveillés et je leur ai dit qu'il était temps de prendre le petit-déjeuner.
Ils étaient tous reconnaissants pour le geste et nous avons commencé à manger tous ensemble pour une fois.
Quelques instants avant de manger, une fille s'est approchée de moi. Elle a des cheveux noirs courts et elle n'a pas l'air familière.
"Hmm ? Qu'est-ce que c'est ?" J'ai demandé.
"C'est moi." La fille a dit.
"Huh ?" J'ai dit.
J'ai vu Chris derrière elle et il se gratte la tête. "Umm monsieur, c'est Charlotte d'hier. Surprenant, hein ?" dit-il en souriant.
"Quoi ?" J'ai dit, puis la réalisation a frappé.
"HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !!!" J'ai ri si fort tandis que les autres ont également révélé des regards de surprise.
Elle baisse encore la tête, mais elle a cet air embarrassé sur le visage. Je préfère définitivement ce look à celui d'hier. Elle a en fait enlevé la teinture sur ses cheveux et tout le reste. Elle est au naturel maintenant.
"Donc, Charlotte est ton nom, hein ? Moi, c'est Sky. J'aime vraiment ce look. Prenez une assiette, j'ai cuisiné pour tout le monde." J'ai dit en prenant une cuillère pour chacune d'elles.
"Merci ! C'est incroyable, monsieur !" Chris a dit.
"Merci aussi..." Charlotte a dit.
"Pfft ! S'il vous plaît, arrêtez ! Je ne peux vraiment pas supporter le virage à 180° !" Je dis en mangeant.
Elle s'est mise à râler mais elle est restée docile tout en mangeant copieusement.