« Ce soir, on exécute un monstre. »
C'est l'ambiance générale parmi les gardiens de prison lorsque l'on m'amène sur la chaise électrique.
Je peux le voir dans leurs regards, ils jugent ma mort bien trop douce, ils auraient bien fait le travail eux-mêmes. Mais depuis que j'ai envoyé dans le coma le seul gardien ayant le courage de tenter quelque chose, ils sont plus qu'hésitants.
Je voulais juste vivre une vie tranquille, mais les choses ne se passent jamais comme je veux. Je manque juste de contrôle, si j'avais été plus méticuleux et plus expérimenté j'aurais pu avoir ma vie tranquille.
Tandis que je m'assois sur la chaise, on me demande mes derniers mots et je réponds : « si jamais j'avais une seconde chance je vivrais une vie honnête, j'aurais, une femme, des enfants, et personnes ne souffriraient de mon existence. »
Le levier est baissé, je sens la force de la décharge, mon cerveau s'éteint… Grand sombre ! Grande lumière ! Un être aux formes lovecraftienne me fixe. Du moins, c'est l'impression que j'ai, il n'a pas d'yeux, il n'a pas de bouche, entièrement composée de lumière, c'est un astre vivant qui soudain se met à parler.
– Bravo à toi, tu es un rare humain, dit l'être, mais sa voix n'était pas un son, plutôt, une compréhension immédiate de sens.
– Merci, je réponds, curieusement parfaitement calme.
– C'est moi qui te remercie, tu as excellemment joué ton rôle et pour cela tu seras récompensé
– Je vous avoue que je ne comprends rien, qui êtes-vous ? Où sommes-nous ? Qu'est-ce que vous voulez dire par mon rôle ?
– C'est compréhensible, je te présente mes excuses, j'oublie souvent que les humains ne sont pas omniscients. Je suis le démiurge architecte de ton univers, et nous sommes actuellement dans une dimension de ce dernier uniquement accessible par moi, et ceux que j'y invite. Quant à ton rôle, il s'agit du même que tous dans ton univers, à savoir répandre la souffrance, la misère, et la mort.
– Quoi ? Mais… C'est absurde ! L'univers aurait été créé juste pour que l'on y souffre.
– Exactement, j'ai créé l'univers. J'y ai placé des êtres sensibles conscients uniquement pour les voir souffrir, mourir, j'ai crée des maladies des tempêtes, des sècheresses, tout pour vous voir périr, ramper et me prier m'appelant à l'aide.
– Mais dans quel but ?
– Par simple jeu, pourquoi y en aurait-il d'autres ?
– Vous êtes horribles !
– Je te trouve hypocrite, concernant tes crimes
Je me souvins de ma mort, conséquences inévitables de mes actions.
– C'étaient des séries de concours de circonstances, je ne voulais vraiment faire de mal à personne
– En 40 ans de vie, tu as commis 675 meurtres, 448 étaient des femmes, 157 étaient des hommes, et 70 des enfants, parmi les 70 enfants 18 étaient des nourrissons. Tu ne leur as d'ailleurs pas donné une mort rapide, tu as fait preuve d'un rare sadisme. On parle ici de dépouillage de bébés envoyé sans peau à leurs mères. De femmes violées pendant des semaines, avec ou sans l'aide d'animaux. D'hommes pendus par les testicules, ou décapités devant leurs épouses et enfants terrifiés, parfois même sodomisés au fer rouge. Je ne vais pas tout énumérer bien que je sois un grand fan, la seule chose que je déplore c'est l'absence de rapport sexuel avec tes victimes les plus jeunes, je me demande pourquoi.
– Il n'y a rien d'excitant chez un être prépubère
– Tu admets donc qu'il y avait quelque chose d'excitant à ces actes commis sur des femmes.
– Pourquoi suis-je là ?
– Pour ta récompense
– Ma récompense ?
– Lorsqu'un humain répand suffisamment de mort et de souffrance, il a la possibilité de se réincarner en gardant tous ses souvenirs. Généralement, c'est des chefs d'État ou de grands conquérants qui ont ce privilège. Mais toi tu as réussi à toi tout seul, sans aucune armée c'est un grand honneur.
– Tu espères surtout que je tue des tonnes de gens par gratitude !
– Pas par gratitude ! Il est assuré que tu suivras ta nature, mais tu as le choix de faire ce que tu veux.
– Il n'y a pas de condition
– Non aucune ! En prime, tu naitras dans une famille riche, tu n'auras aucune maladie génétique, et tu auras le potentiel physiologique d'un athlète de haut niveau, en plus de capacités cognitives supérieures à la moyenne… Bien évidemment pour que tu ne sois limité en rien dans tes choix de carrières. Tu auras juste à choisir un domaine très tôt et tu seras un expert avant tes vingt ans. Tu n'as qu'à dire oui et tu peux avoir la vie tranquille dont tu as toujours rêvé.
Après beaucoup d'hésitation, je finis par dire : « J'accepte, mais ne t'attends pas à obtenir ce que tu veux, je ne serais pas l'homme que j'ai été »
Sur ces mots, mon cerveau s'éteint… Grand sombre ! Petite lumière un cri de femme en plein labeur ma nouvelle vie commence.