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Chapter 70 - 67/Résonnement

De l'autre côté du portail, Marie émergea en premier, sous les yeux admiratifs et joyeux de tous les esclaves qui venaient d'être libérés. Ensuite, Aria fit son apparition, son visage livide contrastant fortement avec la joie éclatante des membres de sa tribu qui la reçurent avec chaleur et affection. Leurs étreintes chaleureuses et leurs sourires témoignaient de la profondeur de leurs liens.

Cependant, la liesse fut brusquement interrompue lorsque Logan franchit le portail, tenant dans ses bras le corps inerte d'Elie. Le silence s'abattit sur l'assemblée, et une lourde tristesse s'empara de tous. Les regards se fixèrent sur ce tableau déchirant, l'incompréhension et la douleur se lisant sur les visages de ceux qui avaient espéré un dénouement heureux.

Les membres de la tribu des Lunaria furent immédiatement figés dans une scène de stupeur, tandis que la tristesse commença lentement à les envahir. Les murmures d'incrédulité se firent entendre, et les visages qui étaient récemment éclairés par la joie se transformèrent en masques de douleur.

Avec précaution, Logan déposa délicatement le corps sans vie d'Elie sur le sol, faisant preuve d'une tendresse mêlée de douleur dans son geste. Un silence lourd enveloppa le groupe, seulement brisé par le souffle retenu de ceux qui assistaient à la tragédie.

Peu à peu, les membres de la tribu se précipitèrent vers Elie, certains se recueillant en silence, d'autres exprimant leur chagrin à travers des sanglots étouffés.

"Non, madame !"

"Réveillez-vous, je vous en prie !"

"Nous avons encore besoin de vous !"

Les cris déchirants et les larmes des membres de la tribu des Lunaria emplirent rapidement l'air, créant une symphonie de douleur qui semblait ébranler les fondations du lieu délabré.

Pendant ce temps, les autres esclaves présents ne purent s'empêcher d'être profondément touchés par la scène qui se déroulait devant eux. Ils avaient eux-mêmes vécu d'innombrables situations similaires, où la cruauté et l'injustice les avaient privés de leurs proches de manière brutale et cruelle. Les souvenirs douloureux remontèrent à la surface, ravivant leurs propres blessures émotionnelles.

C'était un moment où la tristesse collective transcendait les différences entre les tribus et les individus, rappelant la cruauté du destin et la réalité impitoyable de leur lutte pour leur liberté.

Logan les observa brièvement, puis décida de quitter l'endroit, empruntant un chemin qui débouchait sur la forêt où seule la pénombre régnait, éclairée uniquement par la lueur des lunes. Il s'éloigna du lieu du drame, s'enfonçant dans le calme de la nature environnante, cherchant un répit, un moment de solitude pour faire face à la perte d'Elie. Et au cri déchirant d'Aria qui résonnait bien plus fort que les autres, ne pouvant supporter cette scène.

Il resta là, immobile, pendant quelques minutes, perdu dans ses pensées, lorsque les bruits de pas se firent entendre. C'était Marie qui, après un court instant, se retrouva à ses côtés. Un silence pesant s'installa entre eux, mais finalement, Marie rompit cette quiétude après un moment.

"Ça va ?" Demanda-t-elle avec un visage compréhensif.

"Mieux qu'Aria en ce moment." Répondit-il l'air triste.

"On ne peut pas ramener tout le monde." (Marie)

"C'est vrai, mais là, je n'ai pas été à la hauteur." (Logan)

"Tu l'as été, tu as vaincu Vengus et ses hommes à toi seul. Cependant, pourquoi n'es-tu pas revenu au lieu de les affronter ?" (Marie)

Logan lui expliqua alors en détail ce qui les avait poussés à combattre au lieu de fuir.

"Je vois." (Marie)

Il était impossible pour elle de trouver la moindre faute à lui reprocher, car en vérité, la seule personne responsable de la situation était Aria elle-même. Elle avait perdu le contrôle de ses émotions, ce qui l'avait poussée à s'engager dans ce combat malheureux. Le plus poignant dans cette situation était que, sans l'ombre d'un doute, Aria devait être consciente que l'entière responsabilité de cette tragédie lui incombait.

"Dis-moi, quel est cet endroit ?" Demanda Logan.

"C'est une forêt située à la frontière, sur le territoire du Royaume de Ria. C'était avant un petit village. Mais une attaque de monstres a fait que la population a quitté l'endroit et la nature a repris ses droits. On peut encore apercevoir des petites maisons et bâtiments comme cet entrepôt, par exemple." Répondit-elle.

"Y a-t-il des monstres dans les parages ?" (Logan)

"Oui, mais de bas niveau, vu que la reine elle-même s'est occupée du problème, donc cela ne devrait pas poser de problème." (Marie)

"Très bien." (Logan)

"Maintenant il va falloir laisser les choses se passer et faire profil bas. Nous allons observer de loin l'évolution de la situation." (Marie)

"Oui." (Logan)

"Bien, je vais aller faire mon rapport au maître de guilde, je reviendrai vous chercher en temps voulu." (Marie)

Elle déploya son pouvoir pour créer un nouveau portail, puis, avec un dernier regard mélancolique, elle s'éclipsa à travers celui-ci. Laissant Logan derrière elle, une fois de plus, plongé dans la solitude.

Alors que la nuit tumultueuse persistait, ne montrant aucun signe de se terminer, les prêtres et les soldats de l'église regagnaient la majestueuse cathédrale principale du royaume de Sigma. La lune bleue, éclatante dans sa splendeur nocturne, baignait le bâtiment presque entièrement construit en pierre blanche de sa lumière bleutée.

Le prêtre qui avait confronté Logan pénétra solennellement dans la majestueuse bâtisse. À son entrée, il avança lentement à travers le hall d'entrée, orné d'un tapis somptueux aux teintes riches de bleu et d'or. Chacun de ses pas résonnait dans l'immensité de cet espace, tandis que la lumière des chandeliers en bronze poli projetait des ombres dansantes sur les murs de pierre ancestraux.

Ce hall, véritable seuil entre le monde extérieur agité et la sanctuarisation intérieure de l'église, évoquait une sensation de solennité et de grandeur. Les motifs complexes du tapis semblaient presque tisser l'histoire du royaume, avec des nuances de bleu évoquant la paix et des accents d'or symbolisant la grandeur et la divinité.

Finalement, il s'arrêta devant une estrade majestueuse et s'agenouilla avec une profonde révérence. Juste au-dessus de lui, un homme revêtu d'une robe bien plus imposante et somptueuse que les autres. Sa robe, d'un blanc pur comme la neige virginale, était rehaussée d'une teinte de bleu, agrémentée de somptueux ornements dorés. Il portait également un médaillon en or en forme de lune, serti de précieuses pierres bleues scintillantes, semblant capter la lueur même de la lune.

Cet homme n'était nul autre qu'un cardinal de l'église, incarnant la magnificence et la puissance de la foi. Sa présence dans cet espace sacré conférait une aura de solennité et d'autorité incontestable. Chacun de ses gestes et de ses paroles portait le poids de la tradition et de la spiritualité profonde.

Le prêtre, prosterné devant le cardinal, se sentait humble et honoré de se tenir en présence de cet homme d'une stature si éminente. Cependant, par-dessus tout, une peur viscérale tourbillonnait en lui, agitant son être jusqu'aux tréfonds de son âme. Des sueurs froides inondaient son front, et la transpiration perlait abondamment sur son visage, trahissant l'angoisse qui le consumait.

"Racontes-moi." Demanda le cardinal d'un ton calme.

"Eh bien." Répondit le prêtre hésitant.

Le prêtre prit alors la parole, racontant dans les moindres détails tout ce qui s'était passé. Au fur et à mesure que le prêtre dévoilait son récit, une pression étouffante sembla envahir le bâtiment sacré. L'atmosphère qui avait été empreinte de solennité et de dévotion se transforma peu à peu en une tension presque insupportable. Les cierges semblaient vaciller, comme si même la lumière elle-même ressentait le poids de la situation.

Le regard du cardinal, qui avait exprimé de la noblesse et de la prestance, avait radicalement changé. Son visage arborait désormais une expression déformée par la colère, ses yeux étincelant d'une fureur froide.

"Déclarer la guerre à l'Église et au royaume, quelle est cette blague de mauvais goût ! Un ver de terre qui n'a aucune idée d'à qui il a affaire !" (Cardinal)

Les murs massifs du bâtiment semblaient frémir sous l'intensité de la colère du cardinal, vibrants comme si la structure elle-même répondait à ses émotions déchaînées. Les piliers imposants qui soutenaient la cathédrale tanguaient, comme s'ils étaient secoués par une force invisible.

Toutes les vitres du bâtiment, auparavant paisiblement éclairées par la lueur des chandelles, semblaient maintenant menacer de se briser sous la pression de cette colère grandissante.

"En plus, ce misérable rat s'est permis d'insulter notre déesse, celle qui règne sur ce monde !" Cria-t-il fou de rage.

Toutes les vitres ont finalement cédé dans un grand fracas, le verre se brisant en milliers de morceaux. Le son du verre brisé résonna comme une symphonie macabre dans l'air, créant une mélodie déchirante de destruction. Les éclats de verre dansaient dans l'obscurité, reflétant la lueur faible des lumières de la ville et de la lune.

"Cardinal, s'il vous plaît !" Demanda le prêtre sur le point de s'évanouir.

"S'il vous plaît ? Misérable incompétent, comment as-tu pu laisser un moins que rien insulter notre déesse !" (Cardinal)

La haine du cardinal, telle une sombre tempête, avait finalement changé de cap, se détournant de sa cible d'origine pour se concentrer sur le prêtre.

"À peine devenu prêtre, vous subissez une telle humiliation !" (Cardinal)

Le cardinal leva solennellement la main, et soudain, le corps du prêtre fut soulevé dans les airs comme s'il était devenu un vulgaire morceau de chiffon. Il se retrouva suspendu dans les airs, sans même que le cardinal ne le touche. Les convulsions agitaient son corps, tandis qu'il luttait contre la pression oppressante imposée par le cardinal.

"Je vous en prie... Cela ne se reproduira pas..." Souffla-t-il, s'étouffant.

"Je pourrais te tuer de la plus horrible des manières, là tout de suite !" (Cardinal)

"Pardonnez-moi... Je réparerai l'affront qui a été fait..." Murmura le prêtre étouffé. 

Le Cardinal fixa intensément l'homme suspendu dans les cieux, qui se débattait désespérément pour sa survie. Après un moment de contemplation grave, il souffla profondément. Le prêtre chuta lourdement vers le sol, où il se retrouva, reprenant laborieusement son souffle, chaque inspiration semblant être une tâche herculéenne.

"Il n'y aura pas de troisième chance !" (Cardinal)

"Oui, mon cardinal..." (Prêtre)

"Maintenant, hors de ma vue, Prêtre Samuel." Ordonna le Cardinal.

Sans attendre un instant de plus, il s'éclipsa précipitamment, trébuchant à plusieurs reprises tel un homme visiblement bourré, sa démarche chaotique trahissant les séquelles de son récent vol aérien.

"Messager !" Dit le Cardinal d'un ton pressé.

Soudain, un homme avec une tenue marron et dorée apparut alors subitement, à genoux à côté du cardinal.

"Envoyez immédiatement ce rapport au Pape !" (Cardinal)

"Très bien !" Dit l'homme en disparaissant comme il était apparu.

"Si vous voulez vous confronter à l'Église, l'Église vous détruira !" Déclara le Cardinal en regardant dans le vide d'un regard noir.

Une scène similaire avait lieu, mais au château du royaume de Sigma. Zem agenouillé devant le Roi qui siégeait sur son trône à côté duquel se tenait Moïse. Il avait lui aussi écouté attentivement ce que Zem lui avait rapporté.

"L'Église doit être en ébullition en ce moment et nous devrions l'être, après tout, nous avons été aussi menacés clairement." Dit le roi d'un ton sérieux.

"Je pense que la prochaine réunion risque d'arriver plutôt que prévu." Dit Moïse d'un ton contrarié.

"Envoyez une lettre à la guilde des aventuriers." Ordonna le Roi.

"Oui, mon roi !" Répondit un soldat en partant.

"Pourquoi il a fallu que ça arrive maintenant." Souffla-t-il.

Le Roi libéra Zem de ses obligations tandis que lui resta sur son trône en démarrant une conversation intense avec Moïse. Zem, lui, fut libéré et marcha tranquillement dans les couloirs du château où il croisa Maïli, pleine de sueur. Il ne faisait aucun doute qu'elle sortait d'un entraînement solitaire intense.

"Il s'est passé quelque chose ?" Demanda-t-elle.

"Rien de particulier." (Zem)

"Menteur, pourquoi as-tu un sourire aussi grand sur ton visage." Répliqua-t-elle.

"Ok, ok, quelque chose de bien est arrivé." Avoua-t-il.

"Au vu de ton sourire, c'est positif." (Maïli)

"Très positif, sinon tu es prête pour ton intronisation ?" (Zem)

"Ça devrait le faire, même si je n'en ai pas la moindre envie."

"Je n'en doute pas, mais nous en avons déjà parlé." (Zem)

"Je sais bien, je te laisse Zem, un bon bain m'attend." (Maïli)

Cette nuit-là, une multitude de lettres avaient été expédiées, et des personnalités de renom s'affairaient à leurs responsabilités respectives. Pendant ce temps, depuis son bureau, Stanislas examinait méticuleusement la pile de documents qui s'entassaient sur son bureau, recevant l'aide précieuse de Marie pour trier et organiser cette montagne de papier.

"Les événements vont très vite s'enchainer à partir de maintenant !" (Stanislas)

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