Pov Aria
Je suis née à Luna, un village pittoresque et isolé, niché loin de l'agitation et de la cruauté des hommes. Fondé il y a plus de cent ans, Luna a toujours été un havre pour ceux en quête de paix et de repos.
Ce village tire son origine d'une époque troublée, juste après une guerre dévastatrice, perdue par l'Alliance de Libération. Cette coalition hétéroclite était composée de tous ceux qui refusaient de se soumettre au culte de la déesse Hamnésia . Parmi ses membres, on trouvait des représentants de diverses races : demi-humains aux capacités extraordinaires, démons énigmatiques aux yeux perçants, vampires nocturnes, elfes aux longues oreilles pointues et à la grâce aérienne, ainsi que bien d'autres créatures fascinantes. Ensemble, malgré leurs différences, ils cherchaient à préserver leur liberté et leur diversité culturelle face à une oppression croissante.
Comme tant d'autres races opprimées, nous avons été contraints de chercher refuge loin des yeux des hommes, dans des lieux reculés où leur présence ne s'était jamais manifestée. Ce grand exode nous a menés, mon clan et moi, à une vaste forêt ancienne et mystérieuse enneigée, jamais foulée par les humains, située bien au-delà des frontières de tout royaume connu, à plus de trois ans de voyage des terres civilisées.
Dans cette barrière de verdure blanche, nous avons établi notre sanctuaire, dissimulé et protégé des intrusions extérieures. Nous avons érigé deux types de barrières magiques pour garantir notre sécurité : une barrière de camouflage, tissant autour de notre domaine un voile d'invisibilité qui le rend indétectable aux yeux indiscrets, et une barrière de protection, un bouclier impénétrable qui repousse toute force hostile tentant de pénétrer notre refuge. Ces défenses nous ont permis de préserver notre culture et nos traditions dans une paix fragile mais précieuse, au cœur de la forêt qui est devenue notre foyer.
Notre famille avait toujours été à la tête du village de Luna depuis sa fondation. Aujourd'hui, cette responsabilité reposait sur les épaules de mon père, Rice, un dirigeant sage et respecté. À ses côtés, ma mère Élie, son indéfectible soutien, partageait les charges de cette gouvernance, apportant sa perspicacité et sa douceur dans la gestion quotidienne des affaires du village.
Étant leur unique enfant, le poids de l'avenir reposait sur mes jeunes épaules. Il était entendu que je succéderais à mon père en tant que dirigeante, une destinée à laquelle je me préparais depuis ma plus tendre enfance. Jusqu'à l'âge de dix ans, mon existence semblait similaire à celle de tous les enfants de mon âge, mais avec une éducation exceptionnellement rigoureuse et diversifiée.
On m'enseignait une multitude de disciplines essentielles pour mon futur rôle. L'histoire de notre peuple et des contrées environnantes m'était contée, tissant le récit de nos ancêtres et de leurs luttes. La chasse faisait partie intégrante de ma formation, aiguisant mes sens et ma connaissance de la nature. La magie, une compétence vitale pour la protection et le bien-être de notre communauté, m'était transmise par les professeurs et anciens du village. Enfin, l'art de l'écriture m'ouvrait les portes de la connaissance et de la communication, essentielles pour une dirigeante.
Il s'est avéré que j'avais une forte affinité avec l'élément glace, une caractéristique partagée par tous les membres de notre tribu, les Loups des Neiges, ou Lunariens. Nous étions aisément reconnaissables par notre magnifique fourrure blanche et nos yeux d'un gris bleu profond, des traits hérités de nos ancêtres et adaptés à notre environnement gelé. Toutefois, à ma grande surprise, il s'est également révélé que j'avais une affinité particulière avec l'élément eau, un don rare qui ajoutait une complexité fascinante à mon apprentissage de la magie.
La chasse était une tradition et un plaisir dans les immenses étendues de la forêt qui bordait notre village.
Je me souviens de ma première chasse significative avec mon père, une expérience qui a marqué le début de ma transition de l'enfance à la maturité au sein de notre tribu. Alors que nous nous enfoncions silencieusement dans la forêt recouverte de neige, un loup solitaire émergea des buissons épais, ses yeux perçants fixés sur nous. D'un geste fluide et précis, guidée par les enseignements de mon père, j'ai invoqué ma magie et formé une pique de glace, la projetant avec une précision mortelle vers la bête. Le loup s'effondra sous le coup, la glace transperçant son épaisse fourrure.
Mon père, toujours vigilant, observait attentivement, prêt à intervenir si la situation dégénérait. Presque aussitôt, un autre loup, attiré par le tumulte, se lança vers moi avec une férocité redoutable. Dans un réflexe de survie, j'ai couvert ma main droite d'une couche de glace tranchante formant des griffes de glaces tranchantes. Alors que l'animal bondissait, j'ai fendu l'air avec ma main glacée, le coupant en morceaux alors que des éclats de glace tachés de sang volaient autour de nous.
"Alors papa, tu en penses quoi ?" Dis-je en lui souriant.
"Vraiment pas mal du tout ma fille." Cria-t-il en me frottant la tête.
Les années ont doucement filé, enveloppant le village de Luna dans une tranquillité presque irréelle. Pendant ce temps, je poursuivais mon apprentissage avec les autres enfants du village, notre éducation embrassant aussi bien les arcanes de la magie que les récits de notre passé tumultueux.
Un jour, alors que nous étions assis en cercle autour de notre professeur dans la grande salle de classe ornée de tapisseries représentant les exploits de nos ancêtres, elle lança une question qui piqua immédiatement notre curiosité :
"Alors, qui peut me parler de l'ancien Roi démon ?"
Je levai la main avec enthousiasme, prête à partager les histoires transmises par mon père.
"L'ancien roi démon était le leader charismatique de la coalition des races non-humaines durant les guerres contre les humains. Il a rassemblé de nombreux clans comme les démons, les elfes, en passant par les vampires et même certains humains renégats, tous unis dans le seul but de survivre face à une menace commune. Il était réputé pour sa maîtrise exceptionnelle de tous les éléments existants, un pouvoir qui lui conférait une présence imposante sur le champ de bataille et dans les négociations."
"Qui peut me rappeler les éléments qui existent ?" demanda la professeure, balayant du regard la classe où plusieurs mains s'élevèrent avec empressement.
"Oui, Téilo." dit-elle en désignant un des élèves les plus enthousiastes.
Téilo se leva, avant de répondre avec assurance :
"Les éléments existants sont nombreux. Pour les principaux, on trouve le feu, capable de consumer et de réchauffer, l'eau, qui peut à la fois apaiser et dévaster; la terre, notre fondation solide et fertile et le vent, invisible mais puissant. Ensuite, il y a les dérivés : la foudre, éclatante et rapide comme la pensée, le bois, qui symbolise la croissance et la vie et la glace, froide et implacable."
Il marqua une pause, cherchant l'approbation du professeur avant de conclure : "Pour finir, les éléments spécifiques incluent la lumière, source de clarté et de révélation, et les ténèbres, mystérieux et souvent mal compris. Cependant il est important de noter qu'il en existe d'autres mais qui sont très peu documentés et rares.
La classe acquiesça, certains prenant des notes frénétiquement, tandis que le professeur hochait la tête, satisfaite de la précision de la réponse.
"Très bien Téilo, tu peux reprendre Aria." (Professeur)
"Le roi démon était accompagné de plusieurs généraux de diverses races : elfe, vampire, démon, nain, bête, dragon, et même humains." expliquai-je, tentant de me rappeler chaque détail appris des récits de mon père.
"Tu as oublié quelques races, mais ce n'est pas grave, tu as cité les principales." répondit la professeure avec un sourire encourageant, soucieuse de maintenir un esprit de compréhension et de découverte parmi nous.
"Madame, des humains se battaient à nos côtés ?" interrogea alors un élève, son visage empreint de perplexité.
"Oui, même les humains. N'oubliez jamais que tous les humains ne veulent pas notre perte. Certains sont bons et ont lutté à nos côtés pour la justice et la liberté. C'est un important rappel que, dans tous les peuples, il existe des individus capables de grandeur et de compassion." confirma-t-elle avec un ton sérieux, captant l'attention de tous.
Puis, avec un geste de la main vers le tableau noir, elle ajouta : "Bien, laissez-moi maintenant vous apprendre de nouvelles choses. Ouvrez vos cahiers, préparez-vous à écrire." En disant cela, elle commença à écrire au tableau, chaque mot tracé avec soin pour que nous puissions prendre note des nouvelles leçons.
Les pages de nos cahiers se tournèrent rapidement, le crissement des plumes sur le papier remplissant la salle alors que nous nous plongions dans un nouvel aspect de notre riche héritage.
"Le roi démon n'était pas que le leader de la coalition il se disait aussi porteur du pouvoir d'une autre divinité. Néanmoins, aucune information complémentaire n'a été trouvée. Comme si des faits de l'histoire avaient été volontairement effacés. Cette guerre a eu lieu il y a désormais plus de 95 ans. Néanmoins certains récits parlent d'une guerre encore plus ancienne, écrits dans une langue plus ancienne où la déesse actuelle y serait mentionnée. Cependant, comme je l'ai dit plus tôt, ces histoires ont comme été effacées volontairement. Dur à retrouver et retracer une période oubliée ou que quelqu'un essaie de cacher. Et peut-être que nous n'apprendrons jamais la vérité." (Professeur)
Dit-elle, parcourant la classe du regard avant de continuer ses explications :
"Lors de cette guerre des héros d'un autre monde avaient été invoqués sur ordre de la déesse. Tous les pays même ennemis s'étaient alliés pour combattre le roi démon. Sauf un pays qui est resté neutre encore aujourd'hui et qui accepte la cohabitation inter espèces et ne vouant aucun culte à la déesse: le royaume de Ria. Après la mort du roi démon des donjons ont commencé à se manifester et plus les années passaient plus ils causaient des problèmes. Maintenant ceci est une information que nous avons pu récemment obtenir grâce à nos alliés encore cachés. Les différents royaumes se préparent à procéder à une nouvelle invocation de héros dans quelques temps pour lutter contre les donjons." (Professeur)
"Madame pourquoi ne l'ont-ils pas fait plus tôt cette invocation ?" (Aria)
"Notre compréhension est limitée, mais il est certain que l'invocation de héros n'est possible que sous certaines conditions spécifiques." expliqua la professeure, sa voix empreinte de gravité.
Elle se dirigea vers la fenêtre et observa la position du soleil dans le ciel.
"Il est midi, la classe est terminée pour ce matin. Vous avez cours de combat à 16 heures, soyez présents comme à notre habitude." (Professeur)
Chaque journée était rythmée de la même manière : les matinées étaient consacrées à l'apprentissage académique et les après-midis à l'entraînement physique. Moi et Téilo, nous avions pris l'habitude de nous éclipser dans la forêt après le cours du matin, explorant les sentiers cachés et les mystères de la nature environnante jusqu'à l'heure du cours de combat.
C'était notre routine, un équilibre parfait entre étude et aventure, jusqu'à ce jour fatidique qui bouleversa tout. Alors que nous déambulions à travers les bois enneigés, profitant de la tranquillité, nous ne nous doutions pas que notre village, jusqu'alors caché et protégé, était sur le point d'être découvert. Les événements qui suivirent changèrent le cours de notre existence et celui de notre communauté à jamais.
Un bruit assourdissant déchira l'air, suivit immédiatement par une explosion retentissante qui fit voler en éclats notre barrière protectrice. Des fragments de magie dispersés illuminèrent brièvement le ciel avant que d'épais nuages de fumée noire ne l'obscurcissent.
"C'est de la fumée !" m'écriai-je, les yeux écarquillés devant l'ampleur du désastre.
Presque instantanément, une explosion d'énergie bleue zébra le ciel, jetant une lumière sinistre sur la forêt environnante. Moi et Téilo, nous comprenions trop bien ce que cela signifiait.
"Des humains ont trouvé le village ! On doit fuir par la forêt !" cria Téilo, la peur perceptible dans sa voix.
"Non, ma mère et mon père sont là-bas ! Je ne peux pas les abandonner comme ça !" répondis-je, l'angoisse me serrant la poitrine.
"Fais pas de bêtises, on a que 14 ans, on pourra rien faire. On va finir transformés en esclave s'ils nous capturent !" insista Téilo, tentant de me retenir.
Ignorant ses avertissements, je me lançai en courant vers le village avec une détermination farouche, mes pas résonnant contre le sol enneigé de la forêt. À mon arrivée, le spectacle qui s'offrit à moi était déchirant : le village était ravagé par les flammes, le chaos régnait partout. Des cadavres de membres de mon village gisaient éparpillés, baignant dans une marre de sang et de glace, témoignage de leur lutte désespérée. Leur visage figé dans une expression de terreur finale, tandis que le crépitement du feu et les cris lointains formaient une symphonie macabre.
Alors que j'apercevais enfin des membres de mon village vivants. Cependant ils étaient tous attachés entourés d'hommes.
"Chef on en a trouvé une autre." dit l'un des hommes en m'attrapant violemment.
"Mets la avec les autres." dit l'homme semblant être leur chef alors qu'il parlait à mon père.
Mon père m'a vu mais ne m'a pas adressé un regard ni une parole pour avoir désobéi aux consignes d'urgence pour s'échapper. En grandissant j'ai su qu'il avait fait ça pour éviter qu'on me fasse du mal. Je n'ose imaginer ce qu'ils m'auraient fait s'ils avaient su que j'étais la fille du chef du village.
Ils ont alors violé ma mère sous mes yeux, terrorisée par la peur je n'ai pu que regarder alors que mon corps tremblait. Puis ils ont égorgé tous les hommes adultes alors que les femmes et les enfants criaient devant un tel spectacle de barbarie. Mon père m'a adressé un dernier sourire avant de se faire égorger. Et c'est à ce moment que mes larmes ont commencé à couler alors que je le voyais se vider de son sang, et la peur s'est emparée de moi alors que je pensais être la suivante.
"Ah cette salope s'est pissée dessus." Dit un homme en me frappant violemment. (Soldat)
Leur chef avec un sourire satisfait regarda autour de lui comme pour contempler son oeuvre.
"Vengus on fait quoi maintenant ?" Demanda l'un de ses hommes révélant son nom.
"Séparez tout le monde et mettez-les dans les cages. Les jeunes garçons travailleront comme main d'œuvre, ou on fera des expériences sur eux et tout ce que décidera de faire leurs nouveaux propriétaires. Les femmes, elles, serviront d'objets sexuels dans des maisons closes jusqu'à ce qu'on décide de les jeter." (Vengus)
"Et pour les jeunes filles ?" (Soldat)
"On va en tirer un max d'argent surtout pour des filles bêtes au pelage blanc et en plus vierges." dit-il avec un sourire mesquin.
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