Village de Lomiersco, 2112 sur terre, 63 sur Neosia.
Une mélodie répétitive arrivait aux oreilles de Phy. Il l'entendait plusieurs fois par semaine mais l'appréciait toujours autant. L'enchainement était toujours le même, jour après jour. Un coup de hache, le bois qui tombait sur le sol et à nouveau un coup de hache.
Phy coupait du bois depuis un quart d'heure. Il avait amassé suffisamment de bois pour rentrer chez lui et que son grand-père puisse travailler sans interruption. Le grand-père de Phy était ébéniste. Il fabriquait des meubles qu'il revendait au village ou les envoyait à des magasins de la ville. Ils vivaient ainsi plutôt confortablement et calmement, loin du raffut de la ville où vivaient les parents de Phy depuis quelques années.
Phy accrocha tous les fagots de bois dans son dos avant de sortir du petit bois dans lequel il était. Il pouvait voir d'ici la sortie du bois, il ne s'était jamais trop aventuré dans la forêt, il n'avait pas besoin de ça pour couper du bois.
Phy se rapprochait de la sortie de la forêt, mais dû s'arrêter une seconde quand il remarqua que la lanière qui retenait le bois sur son dos commençait à s'effriter et menaçait de casser. Il posa sin tas de bois à terre et commença à renouer la lanière pour qu'elle ne casse pas avant qu'il ne soit rentré.
- Kororoorororoororororo !
Phy sursauta quand il entendit le cri. Il était proche de lui. C'était sûrement un jackion, une sorte de gros chien avec un bec tranchant. Ces animaux se cachaient dans les arbres pour attraper de petites proies, ils n'étaient absolument pas dangereux pour les humains, mais sa viande était délicieuse.
Phy empoigna sa hache d'une main ferme, s'il ramenait à son grand-père le bois et le repas pour ce soir il accepterait sûrement de lui raconter toute l'histoire sur l'autre monde. Il n'avait jamais pu la finir, bien qu'il ait raconté le début à Phy de nombreuses fois, il s'arrêtait toujours quand il allait décrire le "monde d'où il venait". Il laissait du suspense depuis que Phy était en âge de comprendre ce qu'il disait, et il ne semblait jamais donner ne serait-ce qu'un indice sur ce qu'était vraiment ce monde. Le jeune garçon qu'était Phy bouillonnait d'impatience, il voulait absolument savoir.
Le jeune homme sauta alors dans un arbre, laissant son bois par terre mais emportant sa hache. Il regardait dans tous les recoins, espérant apercevoir le jackion qui avait crié.
- Trouvé !
Il sauta sur un autre arbre si rapidement que la branche sur laquelle il arriva céda sous son poids. Il tenta tout de même de mettre un grand coup de hache sur l'animal qui n'avait pas eu le temps de bouger, mais il était maintenant trop bas pour l'atteindre et le jackion sauta à terre pour s'enfuir.
- Hééééééééééééééééé !
Phy se lança à sa poursuite en criant pour l'impressionner, il secouait son arme dans tous les sens pour écarter des feuilles ou des branches, et peut-être aussi pour essayer de toucher sa proie, qui avait déjà quelques mètres d'avance sur lui.
Après avoir couru presque une centaine de mètres en évitant les arbres, Phy commença à fatiguer, et eut alors une idée : Lancer sa hache. Il pourrait ainsi tuer l'animal sans se préoccuper de la distance. Il lança presque immédiatement sa hache, sans réfléchir au fait qu'il était dans une forêt, et que sa hache pouvait donc se planter dans un arbre ou être stoppée par une branche. Mais la chance fut de son côté, la lame se planta au milieu de la queue du jackion, qui cria de douleur. Il était coincé par la hache qui le faisait atrocement souffrir.
- Nishihihi ! On va se régaler avec ta viande p'tit truc !
Il empoigna le cou de l'animal qui était presque en train de pleurer, avant de retirer la hache plantée dans sa queue et de l'abattre sur le cou de son futur repas. Il avait fait ça proprement, sans effusion de sang ou de jet de boyaux. Contrairement à certains, il ne prenait pas de plaisir à voir des animaux souffrir et se vider lentement de leur sang avant d'accrocher leurs têtes dans son salon.
Phy revint sur ses pas, reprit son bois sur son dos, sa viande sous le bras et il recommença à marcher. Il sortit enfin de la forêt et se dirigea vers chez lui, saluant tout ceux qu'il croisait. Il habitait dans un tout petit village dans lequel tout le monde se connaissait et s'appréciait. Arrivant enfin chez lui, Phy poussa la porte en hurlant :
- J'suis rentrééééééé !
Phy courra jusqu'à l'atelier de son grand-père. Il était assis sur une longue chaise et écorçait du bois. Le vieillard leva un regard fatigué vers le jeune homme et lui sourira. Il se leva de sa chaise pour prendre le bois qu'avait ramené son petit-fils, et se figea quand il remarqua le cadavre du jackion posé sur la pile de bois.
- Qu'est-ce que tu me ramène encore ?
- C'est le dîner ! T'aimes bien la viande de jackion non ?
Le vieil homme eut un grand sourire. Il était touché par l'attention du garçon, le jackion n'était pas très commun aux alentours de leur village, mais ils en raffolaient tout les deux. Il avait du avoir de la chance d'en trouver un, et il avait réussi à le tuer sans trop en altérer la qualité. Phy semblait vraiment fier de lui, et il avait de bonnes raison de l'être.
- Dépèce moi ça et je le prépare.
Phy célébra intérieurement, il y avait une chance sur deux pour que son grand-père ne prête pas attention à ce qu'il avait ramené et qu'il le laisse pourrir, mais non seulement il avait sourit, mais en plus il allait le préparer ! C'était une excellente nouvelle pour son estomac. Phy repris alors l'animal des mains de son, grand-père, et commença à le dépecer à grands coups de hache. Quand il eut fini, il l'amena dans la cuisine où il allait bientôt être cuisiné par le vieillard.
Pendant que la viande bouillait, Phy et son grand-père allèrent s'asseoir sur les chaises rembourrées du salon. Phy regardait fixement son ancêtre avec des grands yeux. Il voulait lui demander de lui raconter l'histoire de l'autre monde, mais ne savait ni comment, ni quand lui demander. Lorsque son grand-père tourna la tête vers lui et put voir que son petit-fils le fixait.
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
Il demanda ça avec une pointe d'amusement. Il se doutait que son petit-fils avait quelque chose en tête quand il avait ramené le diner en souriant comme un enfant de cinq ans. Il n'y avait pas énormément de choses qu'il pouvait demander. Peut-être un voyage chez ses parents ou lui donner un peu d'argent pour qu'il aille acheter quelque chose.
- Et bien tu pourrais peut-être, pour me féliciter d'avoir ramené du jackion, me raconter l'histoire de ton monde ?
Le vieil homme sourit au jeune homme. Il n'avait pas pensé à cette demande, mais c'était finalement l'hypothèse la plus probable. Il n'avait jamais fini son histoire, il n'avait normalement pas le droit de la raconter, maos il jugeait son petit-fils suffisamment grand pour connaître la vérité.
- Bon... Tu nous as ramené quelque chose de délicieux, je vais te raconter. Je suis donc né dans...