Le soleil s'est déjà levé depuis un moment sur le village et les oiseaux chantent alors que les enfants jouent dehors. La vie est revenue, remplaçant les ténèbres de la nuit dans le cœur du village. Ce village est assez particulier car habité essentiellement d'orcs. Pendant que leur fils aînée jouait dehors avec d'autres gamins de son âge, les parents de la famille Salesrob s'occupaient du nouveau-né qui était enrobé dans des draps, dans les bras chaleureux de son père alors que sa mère l'observait avec un profond amour maternel. C'est alors que Muruf, l'aînée des deux enfants, entra subitement dans la chaumière où étaient ses parents. Le jeune orc est essoufflé et paniqué. Ses parents avaient l'habitude de voir leur fils dans cet état, souvent à cause de petites blessures qu'il se faisait souvent en jouant.
Mère : Tiens, tu t'es encore blessé ?
Muruf : Des... des…
Il tente de reprendre son souffle tant bien que mal.
Muruf : Des humains attaquent le village !
Les yeux de son père s'écarquillent alors que sa mère le regarde l'air amusé.
Mère : mais enfin, tu sais bien que les hu...
Père : Muruf… Prends ton frère et partez dans la forêt… Passez par l'arrière de la maison pour ne pas les croiser et cachez vous dans la forêt…
Son père lui tend le nouveau-né. Une fois dans ses bras, Muruf part vers la porte qui se situe à l'arrière de la maison puis il s'arrête un instant avant de regarder ses parents.
Muruf : Dites, vous allez revenir pas vrai ?
Père : Muruf, garde ça en tête s'il te plaît et transmet-le à ton frère… Pardonne les humains pour leurs actes et leurs vices… Ce sont des monstres, mais ce sont aussi des êtres vivants… Eux aussi font des erreurs…
Les larmes aux yeux, regardant une dernière fois ceux qui l'ont toujours protégé, il ouvre la porte et prend la fuite à travers les habitations, en direction de l'épaisse forêt où il jouait souvent avec ses amis, laissant derrière lui une vague de malheur et de haine envahissant le village.
Bûth se réveille en sursaut, dans une geôle au sous-sol d'un bâtiment. Les menottes de granite qu'il porte au poignet absorbent son mana et ses forces le quittent continuellement. Il observe la paume de sa main droite où est greffée une pierre brillante, son artefact, qui est entouré par sa peau qui semble avoir été cousue tout autour de l'objet.
Bûth : Pourquoi ?
Il tente de retenir ses larmes.
Bûth : Ça me fait… Tellement mal…
Le jour se lève petit à petit. Tout notre petit groupe marche les uns derrière les autres sur un petit chemin de terre assez pentu au milieu des arbres. On a tout juste la place pour mettre les pieds l'un à côté de l'autre. Je regarde à ma gauche et j'observe le reste du chemin qui est à quelques mètres en contrebas.
Oriolda : Tu ne vas pas mourir, tu vas juste glisser assez longtemps et nous faire perdre pas mal de temps.
Jules : C'est rassurant ça…
Elle rigole.
Faucheur : On devrait bientôt apercevoir le camp de Gromsey donc restez sur vos gardes !
Le camp de Gromsey… Faucheur pense que le reste de l'escouade est prisonnier là bas. Je baisse alors la tête pour voir où je mets les pieds mais aussi pour réfléchir. Je ne peux pas m'empêcher de penser à cet homme, cette nuit. Son regard terrifié me hante, impossible de m'en défaire. Je repense aussi à ses paroles qui tournent en boucle dans ma tête : "s'il vous plaît... J'ai une famille... Il y a deux magnifiques petites filles qui m'attendent". N'y avait-il pas un moyen d'éviter tout ceci ? Qu'on les tuent ou non, dans tous les cas, on finira par se faire repérer donc pourquoi est-ce qu'il voulait un bain de sang ? Pourquoi voulait-il les écraser, eux et leurs espoirs ? Beaucoup trop de questions trottent dans ma tête et plus le temps passe, plus celles-ci sont nombreuses.
Oriolda : Ça ne va pas ?
Je tourne ma tête pour voir celle qui est derrière moi tout en continuant à marcher.
Oriolda : C'est à cause de hier ?
Jules : Oui.
Oriolda : Je te comprends... Moi aussi ça à été dur au début mais on s'y fait.
Elle aussi avait pris part au combat hier, elle aussi avait tué sans réfléchir et, malgré son jeune âge, elle maîtrise très bien son mana.
Jules : J'ai une question à te poser.
Oriolda : Oui, vas-y.
Jules : A quelle âge es-tu devenue une Chasseuse ?
Elle commence à sourire.
Oriolda : Tu me trouves jeune ?
Je hoche la tête.
Oriolda : Hummm… Je suis devenue une chasseuse vers l'âge de 10 ans.
Jules : 10 ans ?!
Oriolda : Exactement, ça fait 5 ans que je fais ça.
Son sourire disparaît peu à peu.
Oriolda : C'est déjà une belle carrière vu que les Chasseurs ne vivent pas très longtemps ou arrêtent au bout de quelques années. Beaucoup choisissent de faire ça malgré le risque car on est payé et on est logé. Beaucoup d'entre nous ont voulu échapper à cette misère que leur donne leurs pouvoirs, qu'importe les dangers. Ils trouvent, à la guilde, des gens qui les comprennent, qui ont eux aussi été rejetés car ils étaient différents des humains normaux… Trouver des gens qui te ressemblent et finir avec le même destin, essayer d'échapper à la misère pour finir dans le malheur et les ténèbres...
c'est alors qu'Aymer et Avenal se disputent encore. Les voyant encore se battre, Oriolda soupire.
Oriolda : Encore...
Jules : Ils ont l'air de bien s'entendre malgré la différence d'âge.
Oriolda : A force de combattre ensemble, ils ont fini par se lier d'amitié...
Jules : En parlant de toi et ton frère, comment est-ce que vous avez réagi lorsque vous avez dû tuer des parasites quand vous étiez jeunes ?
Oriolda : À l'époque où je commençais, je n'avais pas de difficulté pour maîtriser mon mana et tuer les parasites était un jeu... Je m'amusais car je ne tuais pas de vrais humains. Ce n'est que depuis très récemment que la guilde me sollicite pour des missions où je dois en tuer.
C'est alors qu'elle regarde une sorte de gantelet de protection qu'elle porte à son bras gauche avant de se remettre à sourire.
Oriolda : Mais bon, comme je te l'ai dis, on s'y fait.
Un sourire de façade…On finit par arriver en haut du chemin, sur une sorte de petit plateau qui nous donne une vue impressionnante sur une vallée constituée d'une immense forêt ainsi qu'un camp militaire en contrebas. Ce dernier est constitué de plusieurs baraques et d'un bâtiment principal au centre, le tout entouré de murs en pierres qui forment des sortes de remparts. On observe notre objectif attentivement, sans dire un mot.
Avenal : Bon, maintenant qu'on y est, comment on fait pour s'infiltrer sans se faire repérer ?
Faucheur : On ne peut pas s'infiltrer discrètement à l'intérieur, ils ont renforcé leurs défenses et tous les gardes sont tous aux aguets. Ils sont au courant de notre venue donc il faut que l'on fasse vite. Aymer, Oriolda, vous vous chargerez de trouver un moyen de transport pour partir, il y a des charrettes dans cette partie du camp. Quant à nous, on va entrer dans le bâtiment principal car la geôle est située au sous-sol.
Comment il sait tout ça ? Moi je vois juste un camp militaire avec des gardes qui patrouille, mais lui, il sait tout à propos de cet endroit, comme s'il connaissait le fonctionnement exact du camp. Les autres n'ont pas l'air choqué par ce qu'il dit, comme si c'était normal qu'il sache tout ce qu'il se passe à l'intérieur.
Jules : comment tu sais tout ça ?
Il me jette un vif regard.
Faucheur : J'ai une bonne vision...
Quoi ? il se fout de moi là…
Jules : Non, sérieusement, comment ça se fait que tu saches le fonctionnement exact du camp ?
Faucheur : Je te l'ai déjà dit, j'ai une bonne vision, c'est tout… Bon aller, mieux vaut ne pas trop traîner, on est en territoire ennemi.
On emprunte un autre chemin, un peu comme celui pris juste avant mais cette fois-ci plus large qui nous mènera pas très loin du camp. Je continue de les suivre sans dire un mot, essayant juste de répondre aux questions qui trottent dans ma tête. Pourquoi est-ce qu'il ment ? Une bonne vue ne suffit pas pour savoir ce qu'il se passe, il faut autre chose...
Faucheur : Au fait, Jules, je t'ai menti. J'utilise aussi l'aura des tes camarades pour savoir où sont les geôles en plus de ma très bonne vue...
C'est vrai qu'on peut détecter l'aura des autres pour savoir leurs positions mais à une distance pareille, ça me semble impossible…
Après un moment de marche qui nous a amené en bas de la vallée, on traverse l'épaisse forêt qu'on a traversé pour se retrouver à sa lisière, face aux portes du camp.
Faucheur : N'oubliez pas votre rôle, d'accord.
On fait tous un signe de tête et chacun se prépare, caché derrière des arbres, les yeux rivés sur les portes. Je me concentre et transforme mon avant bras droit en lame pour être prêt à attaquer au moment voulu. On attend le moment propice pour entrer dans l'enceinte du camp. Les minutes durent une éternité et c'est lorsque les deux gardes, qui étaient postés devant la porte, laissaient place à la relève que le porte s'ouvre enfin. Rose, qui a un pouvoir de télékinésie, reste en retrait et tend alors ses deux mains en direction des deux immenses portes pour les maintenir ouvertes. Il n'y avait pas de tours de garde ni de personne pour surveiller l'extérieur ce qui nous permet d'atteindre les remparts sans se faire repérer. Plusieurs gardes avaient remarqué que la porte était restée ouverte et attendaient que nous entrions pour nous prendre par surprise. Aymer avait prévu leur comportement et les a tout de suite pris pour cible en lançant plusieurs boules de feu. Encore une fois, c'est un carnage et ce n'est qu'après une poignée de secondes que nos ennemis se rendent compte que c'est peine perdue et décident, ainsi, de prendre peu à peu la fuite. Notre petit groupe se sépare en deux, comme prévu, les deux plus jeunes vont chercher un moyen de transport assez gros pendant que le reste du groupe, moi y compris, se dirige vers le bâtiment principal du camp. Celui-ci est une tour faite en pierre. Une fois à l'intérieur, le carnage continue. Je reste dans moins coin, en retrait, pour éviter d'être pris pour cible. Seuls Avenal et Rose utilisent leurs pouvoirs pour nettoyer la bâtisse. Faucheur, quant à lui, naviguait de salle en salle, éliminant certains hommes qui s'opposaient à lui.
Avenal : Les gars ! J'ai trouvé l'escalier menant au sous-sol !
On se regroupe tous autour de lui, observant les escaliers qui mènent à un étage qui se situe sous le nôtre. Après les avoir descendus, on se retrouve dans un long couloir avec plusieurs cellules d'un côté et quelques torches allumées de l'autre.
Voix féminine : C… C'est toi ?
Je me retourne vers cette voix familière qui provient d'une cellule.
Trish : C'est bien toi... Jules ?
C'est alors que j'aperçois Trish, derrière des barreaux. Elle n'a pas l'air en forme donc je m'approche de la cellule lorsque Faucheur me prend le bras.
Faucheur : Attends.
Il sort de sa poche une clé.
Faucheur : Ne touche pas les barreaux.
Jules : Pourquoi ?
Il ouvre la porte de la cellule avec la clé.
Faucheur : Ce sont sûrement des barreaux en granite qui ont été repeints, tu risque de perdre ton énergie si tu les touches.
Jules : Ah…
Il attrape sa faux et l'utilise pour briser les menottes de Trish.
Jules : Tu l'as trouvé où cette clé ?
Faucheur : Elle était accrochée à un des murs.
Trish fait quelques pas mais finit par perdre connaissance et chuter mais Faucheur la rattrape avec un de ses bras.
Faucheur : amène-la dehors, on va s'occuper des autres.
Je sors de la tour avec Trish dans mes bras avant de me poser assis contre un mur du bâtiment, Trish dormant à mes côtés. Les autres finissent pas sortir au bout de quelques minutes avec Bûth et Nounou, en faible état mais encore debout… Mais… Aucune trace de Geno.
Avenal : Le salaud ! Il l'a séparé des autres.
Nounou : Je sais où il est...
Faucheur : comment ça ?
Nounou : Il nous a expliqué ce qu'il veut faire...
Nounou se tourne vers Faucheur.
Nounou : Il sait que tu tiens à Geno et l'utilise comme appât pour t'affronter seul... Il nous a demandé de te livrer un message si on venait à être libéré... Tu dois aller à une église en ruine qui est à l'est...
Faucheur : Seul… Je vois, merci.
Avenal : Quoi ?! Tu ne vas quand même pas entrer dans son jeu ! En plus, tu ne connais même pas sa puissance, c'est du scuicide !
Faucheur : Crois moi, je sais ce que je fais.
Il se tourne vers moi.
Faucheur : Et toi, tu viendras avec moi.
Jules : Moi ? Mais...
Faucheur : Tu te souviens de ce que je t'ai montré cette nuit ?