"Tu as parfaitement joué ton rôle ma très chère sœur. Père et Mère sont très fiers de toi."
Susurra Alastair, tandis qu'il pressait le magnifique visage de Céraiste contre le sol en marbre froid du palais.
"Alastair... Pourquoi ?"
Furent les seuls mots que Céraiste parvint à balbutier tant sa terreur était grande.
Le corps d'Alastair se colla contre celui de Céraiste, renforçant le funeste étau dans lequel elle était prise.
Elle sentit sur sa nuque, le souffle chaud d'Alastair filtrer au travers du sourire sadique de celui-ci.
"Vois-tu, ma très chère sœur, si douce et si naïve, je suis venu te féliciter au nom de tous les Proditores pour la naissance de ta fille."
Les lèvres d'Alastair parcoururent son cou, avant de s'arrêter derrière l'oreille de Céraiste qui tentait vainement de se dégager de l'emprise de son frère.
Il continua ainsi sa supplique, sa voix se faisant plus rauque et plus grave.
"Aucun de nous ne pensait que t'acquiterais aussi vite de tes... Obligations maritales. Tu sais, ça me rendait fou d'imaginer comment ce bâtard de Prince pouvait te toucher la nuit."
La main d'Alastair vint se glisser sous les vêtements de Céraiste qui hoquetait de dégoût.
"Je t'en supplie Alastair, ne fais pas ça. Je suis ta sœur..." , Prononça Céraiste, d'une voix brisée par ses sanglots.
Alastair laissa échapper un rire sarcastique.
"Crois-tu vraiment qu'un seul d'entre nous t'ai jamais considéré comme un membre de notre famille ? Crois-tu vraiment qu'une marionette ramassée dans un marché noir pouvait remplacer Artemisia?"
Alastair renforça sa prise.
"Depuis le début, tu n'es qu'un objet, un outil que nous avons parfait toutes ces années dans l'unique but d'infiltrer ce palais. Maintenant, nous n'avons plus besoin de toi."
Céraiste fut instantanément prise de nausées lorsqu'elle sentit Alastair se durcir contre elle.
"Est-ce Père et Mère qui t'ont demandé de m'humilier et me faire souffrir ainsi avant d'en finir avec moi ?"
Des larmes, parfait reflet de son impuissance et de sa peine, coulaient à flot sur les austères dalles de sa chambre à coucher.
"Contrairement à ton cher et tendre Aaron, Père et Mère n'ont que faire de la manière dont tu disparais, tant que je peux donner l'illusion que tu ais pris ta propre vie."
Céraiste arrêta de respirer un court instant.
"Ne me dis pas..."
Alastair gronda de contentement à l'évocation du meurtre du Prince.
"Mais ne t'inquiète pas, ma magnifique et si stupide petite sœur..."
Alastair entreprit d'écarter les pans de la robe de Céraiste.
"Je prendrais soin, très soin de ta fille. Tout comme j'ai toujours pris soin de toi."
Mortifiée par ce qu'elle venait d'entendre, Céraiste se figea instantanément.
Elle commençait à comprendre.
"Tu es un monstre Alastair ! Vous êtes tous tordus ! Je vous maudis, chacun d'entre vous !"
Le sourire cynique d'Alastair disparu un court instant.
"Tu es celle qui m'a rendu fou et transformé en monstre."
Céraiste se débattit, hurla, mais il n'y avait rien à faire. Alastair était beaucoup trop fort et c'est à peine s'il eût à se servir de sa magie pour la maîtriser.
Son corps et son esprit brisé par les abus d'Alastair, la vue de Céraiste s'obscurcit. Elle ne voyait plus que la flamme vacillante de la petite chandelle posée non loin d'elle. Jusqu'à ce que sa vision se voila définitivement.
*****
"Céraiste !"
Céraiste fut parcourue d'un soubresaut. Sa vision, encore floue, s'éclaircit progressivement. Sa main qui tenait une fourchette tremblait.
"P... Père ?"
"Il semblerait que nous ne soyons pas assez sévère avec toi, si tu te permets de rêvasser en pleine conversation jeune fille."
La respiration de Céraiste s'accélèra et de la sueur apparu peu à peu sur son front lorsqu'elle sentit sur elle un regard inquisiteur.
"Mère ?"
La joue droite de Céraiste rosit instantanément en réponse à la gifle reçue par sa mère.
"Il semblerait que la folie ait gagné cette enfant. As-tu déjà oublié comment t'adresser à moi lorsque nous sommes seuls ?"
Le ton de Lucretia Proditores était glacial.
"Pa... Pardonnez-moi Madame. Je ne sais ce qu'il m'a pris"
Céraiste était confuse. Elle commençait à paniquer. Tout cela n'avait aucun sens.
Elle était morte. Elle avait été assassinée.
Les images mortifiantes de ses derniers instants défilaient devant ses yeux. Avait-elle rêvé, imaginé tout celà ?
Sa réflexion fut interrompue par le bruit d'une chaise qui racle le sol.
Elle entendit la personne qui s'était levée, se diriger vers elle.
Céraiste ferma les yeux et retint son souffle.
"Père, Mère, il semblerait que notre Céraiste soit malade. Regardez donc sa complexion. Elle semble... Livide."
Alastair se trouvait juste derrière elle.
La gorge de Céraiste se serra.
Il tendit la main et passa ses doigts dans la chevelure de Céraiste, dessinant ses boucles brunes.
Il s'approcha, lui murmurant à l'oreille :
"Ne t'inquiète pas ma sœur. Je vais prendre soin de toi."
Céraiste en était sûre à présent. Ce n'était pas un rêve.