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Chapter 12 - XII

Berlin, 1938

J'avais vingt ans. Je retournais mon regard sur ma vie. Les succès, tristesses, pertes, que j'ai vécu et les amours qui étaient presque venus mais malheureusement se sont envolés en avoir à peine commencé... Ces jours où je me trouvais seule dans ma chambre, je regardais par la fenêtre chaque coucher du soleil, en pensant de nouveau à Adrien qui nous a quitté trop tôt... J'avais vingt ans, et je ne sais pas si j'existais vraiment. Tellement de gens me connaissaient mais ce fut le contraire pour moi, c'était bien triste. Je voulais demander à ces gens qui m'admiraient, que pensaient-ils vraiment de moi ? Si j'étais vraiment à la hauteur de ce que j'étais, s'ils aimaient vraiment mon travail. Je pensais que dans ma vie ce que je voulais vraiment c'était d'être importante, et sentir que j'étais de valeur irremplaçable, que je valais de l'or et que j'étais la meilleure. Peut-être que c'était déjà vrai, mais je ne le croyais pas, tout ce que je voulais c'était d'être importante et non pas au monde mais à une seule personne. Une personne qui m'aimerai pour qui j'étais, et non pas pour la star que j'étais devenue... Je voulais être aimée et adorée par un homme, qui me comblerait jour et nuit, une personne qui ne me quitterai jamais et serait prête à tout sacrifice pour moi. Car moi quand j'aime, je me livre toute, tout mon corps, mon cœur et mon âme. J'appartiendrai à cette personne à jamais, je lui montrerais un paradis sublime, non, le paradis n'est pas le mot impeccable à exprimer le monde dont je lui offrirai... Des merveilles surréelles, des choses qu'il n'aurait jamais pensé... Encore une fois, je n'avais que vingt ans, c'était donc là que je m'attendais au meilleur...

J'étais assise un après-midi avec ma mère dans notre jardin, contemplant les merveilles de la nature, en train de boire du thé avec quelques pâtisseries. Soudain le téléphone sonna, je partis répondre et se fut notre agent, qui nous a dit qu'on nous proposait un film à jouer toutes les deux ensembles. Aussi ravies que nous étions, nous avions accepté instantanément. Le film allait se tourner à Vienne nous faisions donc nos valises et voyagions trois jour après...

En descendant de l'avion, se tenait un jeune homme au bout de l'escalier, trop beau, et jeune, il était grand et vêtu d'une chemise blanche ouverte par les deux premiers boutons où se trouvaient ses lunettes de soleil, sa peau était claire et rosée, ses cheveux étaient de couleur châtain, ses yeux explosaient d'un mélange de bleu d'océan et de vert clair et intense, cet homme avait la beauté divine, que je n'avais jamais vu auparavant. Sur son cou se trouvait un très fin collier en or mené d'un certain pendentif caché derrière sa chemise. Il avait un charme irrésistible, je n'avais guère vu un être aussi parfait que lui. Il tenait un bouquet de fleurs si rouge et magnifique. Je demandais donc à ma mère, qui était ce jeune homme, elle me chuchota « Ce doit être ton partenaire qui s'appelle Christian Gautier. » 

Il nous offrit le bouquet en se présentant :

- Bonjour mesdames, je suis Christian Gautier, et vous êtes bien Adelheid Schneider et Agatha Meyer. 

- Effectivement, Monsieur Gautier. Répondit ma mère.

- Merci pour les fleurs, elles sont splendides. Lui disais-je.

- Je vous en prie mesdames, allons, vous êtes sans doutes crevées, je vous rejoindrai au dîner ce soir avec le producteur, Monsieur Deschamps. 

Il nous accompagna à la voiture en nous ouvrant la porte. Et nous partions à l'hôtel.

Le soir nous nous rendions dans l'un des plus beau restaurant de Vienne, nous retrouvions le producteur et le reste des acteurs. M. Gautier n'arrêtait de parler de lui-même, il ne faisait que se vanter, il parlait des plus beaux films qu'il a tourné en France, et des exploits qu'il a accompli. J'avais trouvé cette homme de mauvais goût et sans intérêts. Il parlait de la France comme l'un des plus beaux pays au monde, il m'énervait avec ses paroles, et tout d'un coup, il me demandait :

- Alors madame Schneider, comment avez-vous trouvé cette ville. D'ailleurs, je pense que L'Autriche et l'Allemagne se ressemble énormément au point d'être les mêmes.

Je lui répondis d'une façon un peu agacée :

- M. Gautier, je viens d'arriver dans ce pays, et je me douterai qu'il ressemble à l'Allemagne. Voyez, si ces deux pays étaient aussi similaires, je pense qu'il devrait avoir donc le même nom, mais ce n'est pas le cas. Chaque pays a sa culture et ses édifices, je m'attends à voir des choses fascinantes qui le seront sans aucun doute, aussi belle que l'Allemagne mais bien différents dans leurs propres façons. Ce ne sont pas les mêmes pays, monsieur. 

- Je m'excuse si je vous ai énervé, madame. Me répondait-il.

- Non monsieur, c'est juste que vous n'êtes jamais partie en Allemagne, et vous en parlez comme si vous la connaissiez déjà. Sachez que je n'aime pas les préjugées. Lui disais-je d'un ton sec.

Il se tait pour un moment en s'excusant de nouveau, puis M. Deschamps se mit à parler :

- Allons jeunes gens, nous n'allons tout de même pas gâcher notre soirée pour une question de pays. Parlons un peu du film qui tournera pour les huit prochaines semaines.

En entendant cette phrase, j'ouvris grand les yeux en pensant que je devrais tourner deux mois tout entier avec cet arrogant, agaçant, ce certain M. Gautier.