Berchtesgaden, 1933
Dans cette douce et belle ville, nous vivions en paix ma mère et moi. Tout allait tellement bien, Mila venait fréquemment nous rendre visite. Et plus particulièrement ce jour-là, à occasion de mes quinze ans. Je me sentais grandir, comme si je devenais chaque jour une femme, mais je n'étais qu'une simple gamine. Aussitôt que je soufflais mes bougis, ma mère a dû s'excuser et partir pour une visite qui était soi-disant extrêmement importante pour son travail d'actrice. Je n'ai rien dit, je l'ai embrassé fort puis continuer la fête avec mes amis.
Après la célébration, Mila était restée pour une soirée pyjama, nous étions seule, d'où nous nous sommes permis de faire les folles, nous sautillons sur les canapés, nous avions fait une bataille de coussins, jusqu'à ce qu'ils ont explosés et inondés tout le salon de plumes. Nous restions à parler toute la soirée, autour de plusieurs discours à propos de la vie, de l'amour, de notre prochain premier baiser...
Il était déjà une heure du matin, soudain nous entendions les clés s'enfoncer dans la serrure de la porte nous courions le plus vite possible vers ma chambre avant que maman ne nous voit encore éveillées.
Quand nous étions dans nos lits, nous ne pouvions dormir, nous étions en train de se lancer des blagues, de se taquiner nous essayons de rigoler en silence mais ce fut tellement difficile que les larmes nous montaient aux yeux.
Avant de m'endormir, je me demandais, où est-ce que maman était-elle ? Qu'est-ce qu'elle faisait chaque soir, et en revenant toujours à cette heure-là ?
Le lendemain je lui demandais, si elle repartait encore ce soir, elle me répondit « probablement, ma petite.» Par curiosité, je lui demander où elle allait, et par une voix brusque, elle me répondit que cela ne me regardait pas.
Le soir vint, ma mère se faisait si belle, elle s'arrosait de tout son parfum, du rouge éclatant sur ses lèvres, elle coiffait sa longue chevelure, mit son manteau de fourrure et partit. Je la regardais par la fenêtre partir, ce m'était peu visible mais je pensais qu'elle était partie chez notre maison voisine. Mon cœur se mit à battre très fort, ma gorge se sécha immédiatement, si cela était vrai ! Si elle allait vraiment dans cette maison ! Cette demeure qui n'était rien que celle du Führer !
Mais pourquoi devait-elle lui rendre visite chaque soir ? Qu'est-ce qu'elle était en train de mijoter ? Je ne savais que faire, je ne pouvais lui dire un mot, elle pourrait avoir une colère immonde envers moi, j'avais trop peur...
Un jour, ma mère revint à la maison aussi contente que jamais, son cœur explosait d'une joie ultime, elle m'annonça qu'elle avait décroché un rôle très important pour l'Allemagne et qu'il sera tourné en première devant tous les nazis et sans oublier devant Hitler en personne.
Elle se mit à travailler chaque jour aussi dur que jamais, elle était si contente et comme d'habitude, elle ne manquait pas de passer la nuit chez son amant. Cela me faisait plaisir de la voir dans cet état, mais je ressentais un dégoût envers elle, ce n'était plus ma chère maman que je connaissais, elle n'était plus la douce femme qu'elle était auparavant quand mon père était encore en vie.
Dimanche, je jouais dehors lorsque ma mère m'appelait : « Adelheid rentre à la maison et prépare toi. » Cela me parut étrange, que voudrait-elle ? Je rentrais en un instant et elle me disait : « Va mettre ta plus belle robe maintenant le Führer fera une petite visite dans les alentours de la ville. » J'obéissais tout de suite, mais s'il habitait juste en face, ne connait-il déjà pas la ville par cœur ? Pourquoi cette visite lui fut si nécessaire ?
Je mis ma plus belle robe, je descendis l'escalier, ma mère me coiffa encore une dernière fois et nous étions déjà dehors. Hitler marcha vers nous, accompagné de quelque soldats, il salua ma mère d'une façon très chaleureuse, il me regarda droit dans les yeux, un regard direct, et en quelque sorte, attendri, il ne me disait que ces paroles « Tu as du charme ma petite, tu seras une grande actrice comme ta mère. » Je lui répondis par un léger sourire puis ma mère l'accompagna aux alentours avec d'autres femmes qui venaient d'arriver.
Les mois passèrent, et le jour J était venu ; La sortie du film d'Agatha Meyer. Elle était assise juste à côté du Führer, pour la première. Nous étions à présent les favoris de l'Allemagne et de tous les nazis. Je ne savais si elle ressentait quelque chose envers lui mais ce qui était sûr c'était qu'elle c'était vendue à lui. Je lui en voulais énormément, plus je grandissais plus je découvrais la monstruosité des nazis et je ne savais comment mes parents avaient pu les servir, que ce soit d'une manière sexuelle ou comme mon père qui avait massacré tant de personnes innocentes. Mes parents m'avaient déçu, je ne voulais que grandir afin que je puisse enfin fuir ce délire absolu.