Cologne, 1926
Les derniers rayons du soleil finissent d'éclaircir l'horizon, la lune prit place, le calme s'installait dans les rues, il était enfin temps de s'unir nous trois, au confort, devant la cheminée.
En attendant mon père, ma mère et moi préparions le souper, une salade, du fromage et deux verres de vins pour mes parents, vu que je n'avais que sept ans je me contentais d'un verre de lait.
Mon père ouvrait la porte, tenue allemande, bien évidemment, vu qu'il était membre de la SS. Un homme grand, robuste, mené de cheveux d'or, des yeux verts comme deux pierres d'émeraudes. Ma mère était actrice, Agatha Meyer, une femme de beauté fatale, de long cheveux marrons, une peau très blanche avec un éclaboussement de taches de rousseur sur son visage, elle y prit tellement soin jour et soir. Nous étions une famille de haute bourgeoisie, vivant dans une grande demeure de trois étages illuminés par de géants lustres de cristal étincelant la salle, des meubles teintés d'or et les murs étaient vêtus d'immenses tableaux antiques.
Après avoir fini le souper, je m'étais assise sur les jambes de mon père, il me parlait de ses aventures, des choses qu'il a accompli et après chaque petite histoire il me chatouillait, me jetait fort en l'air, j'imaginais être dans un avion en train de voler si haut dans le ciel. Ma mère souriait en nous regardant jouer, et quand il fut l'heure elle m'appelait « Adelheid, il est temps d'aller se coucher » et m'accompagnait au lit, m'embrassait sur le front avant que je m'endormais.
Chaque petit matin, ma meilleure amie venait nous rendre une petite visite pour qu'on aille jouer dehors. Elle s'appelait Maximiliana Schmitz mais vu qu'elle détestait son prénom, on l'appelait tous Mila, elle avait mon âge, on partait ensemble à l'école, on revenait à la maison et on dînait un jour chez elle et l'autre chez le mien.
Ce jour il était son tour de venir dîner chez nous, mais quand j'ouvris la porte je vis ma mère, assise sur la chaise, sa main était sur son front et ses maigres doigts s'étalaient sur son visage afin de cacher ses yeux mouillés. Je m'approchais d'elle et lui demandais que c'était-il passé. Elle avait un télégramme dans sa main et me répondait : « je suis désolée mon ange, ton père ne reviendra pas ce soir. » Elle nous prit dans ses bras, je n'en revenais pas, hier encore nous étions en train de jouer et rire de tout notre cœur. J'essayais de lire ce qui était écrit et je vis cette phrase « Monsieur Schneider fut tué par des membre du communisme. » Je n'avais pas vraiment compris, je sus juste qu'il avait été fusillé.
Durant les funérailles de mon père, je regardais son cercueil, je ne savais pas encore ce qui se passer, je me demandais ou était-il parti maintenant ? Serait-il dans ce certain paradis ou bien cet enfer ? Ou était-il un fantôme parmi nous ? Tous ce que je savais, c'était que je ne reverrais plus mon père chaque soir, je savais que les promenades étaient maintenant disparues, son sourire, ses blagues et ses histoires étaient maintenant enterrés avec lui. Je ne le reverrais plus...
Nous étions de retour à la maison, ma mère me mit dans ma chambre, quant à elle, elle descendait les étages pour regagner le salon. J'entendais le verre se cogner à la bouteille de whiskey, et le son de ses pleurs courrait dans toute la maison. Mila était avec moi pour me tenir compagnie dans ces moments difficiles.
Après une semaine, je retournais à la maison, qui fut remplis de personnes, je ne savais ce qui se passait, je courus vers ma mère en lui demandant pourquoi tout ce bazar.
Elle me disait : « ma chérie, nous quittons cette demeure, j'ai déjà pris ma décision, nous allons habiter quelque part loin d'ici, dans une maison plus petite pour nous deux. »
Cela me rendit triste, je ne voulais partir, je ne voulais quitter Mila, et notre maison qui détenait tous les souvenirs que nous avions fait avec papa. J'étais en colère contre ma mère mais d'une autre part je n'avais que sept ans d'où je n'avais aucune autorité ni opinion. Je secouais la tête lentement, en essayant d'être d'accord avec elle.
Je fis ma valise puis courut chez Mila pour lui dire au revoir. Sa maman remarqua mon chagrin, les larmes étaient à mes yeux, en prenant sa fille dans mes bras, elle me disait donc : « Ne t'inquiète pas ma chérie, nous viendrons vous faire visite très bientôt. »
Je pris mes affaire, les mises dans le coffre de la voiture et m'assis à côté de ma mère et nous étions déjà en route pour un nouveau départ.