Une douce brise printanière rabattait doucement les rideaux de dentelle à travers une fenêtre ouverte, laissant passer une lumière chaleureuse qui baignait la pièce. Des petits cris aigus ont retenti, des sons annonciateurs d'un heureux événement.
"C'est une fille, toutes mes félicitations." dit alors l'infirmière en souriant, tendant le nourrisson emmailloté dans une couverture rose.
Le bébé fut délicatement déposé dans les bras de sa mère, tandis qu'il pleurait encore, ses petits poings serrés.
"Chut, maman est là ." murmura-t-elle en le serrant tendrement contre son cœur, une larme de joie coulant sur sa joue.
Le petit bébé s'est alors doucement calmé, comme s'il sentait la présence rassurante de sa mère et que tout irait bien. Un jeune garçon aux yeux brillants regardait la scène, tout émerveillé, admirant le visage paisible de cet enfant qui dormait désormais sereinement. Sa mère s'est tendrement adressée à lui, voyant son hésitation à s'approcher.
"Approche, Ray, viens dire bonjour à ta petite sœur ." dit-elle d'une voix douce et encourageante.
Écoutant sa mère, il s'est avancé timidement, caressant délicatement la petite main de sa sœur. Étonnamment, comme si elle sentait sa présence malgré le sommeil, elle a serré son doigt avec une force inattendue. Pendant ce temps, son père entourait de ses bras sa compagne, la serrant affectueusement, reconnaissant pour ce précieux cadeau qu'était leur deuxième enfant.
"Bienvenue à toi Mia."
Rien n'est plus beau que la naissance, construisant par la même occasion ce qui est appelé : Famille.
Au loin, par la fenêtre, on pouvait apercevoir un ciel presque noir, ne laissant filtrer que quelques maigres rayons de lumière. À perte de vue, s'étendaient des amas de déchets et des champs en train de dépérir, offrant un paysage désolé. Finalement, cette lumière s'estompa complètement, laissant place à une obscurité totale.
Les années défilèrent dans ce noir profond et là on pouvait entendre une respiration, un souffle saccadé, et cette voix résonnant dans le vide.
"Ne lâche surtout pas ma main ! " cria la voix avec angoisse.
S'ensuivit le fracas d'un coup de feu, suivi par le bruit sourd d'un impact lourd dans l'eau, puis un long cri déchirant empli de douleur.
"Ah !"
Ce cri se demandant à qui appartenait ce sang qui maculait ses mains ? semblait-il dire.
La guerre naît du désir des puissants et les faibles n'y ont pas leur place.
Une télévision en mauvais état, aux antennes tordues, diffusait des images brouillées et un son crépitant dans le salon faiblement éclairé. Les couleurs délavées de l'écran projetaient des ombres vacillantes sur les murs.
Le présentateur parlait d'une voix grave, son visage marqué par la fatigue et l'inquiétude. Les mots résonnaient dans la pièce, chaque nouvelle semblant plus sombre que la précédente. Le grésillement intermittent de la télévision accentuait le malaise ambiant, tandis que dehors, le vent sifflait.
"Bienvenue dans ce journal du 3 octobre 2225. Nous venons d'apprendre qu'une guerre des provisions a éclaté en Corée, entraînant l'effondrement de son gouvernement. La France, quant à elle, commence à subir des pénuries dans certaines régions, provoquant de nombreuses émeutes. Le gouvernement français a également entamé un vaste recrutement de soldats, sans doute dans l'intention de mener une guerre ou de se protéger d'un éventuel envahisseur. "
"Ray, éteins la radio ! " cria ma mère depuis la cuisine, sa voix trahissant une pointe d'inquiétude.
"Mais maman, ce sont les infos ! " protestai-je en haussant les épaules.
"Pas de mais, il est l'heure de se coucher." dit-elle en entrant dans le salon, les mains sur les hanches.
"Mais j'ai 15 ans, et tu sais que les écoles sont fermées." répliquai-je en soupirant.
"Ce n'est pas une raison, et en plus, tu n'aides pas ta sœur à se sentir rassurée." répondit-elle en jetant un regard vers Mia.
"Non, je n'ai pas peur, maman. Je suis grande maintenant, tu sais." dit Mia, le visage tout sourire et sûre d'elle.
Ma mère soupira, visiblement exaspérée, et se tourna vers mon père qui lisait le journal près de la fenêtre.
"Charles, s'il te plaît, parle à Mia et à Ray." souffla-t-elle en croisant les bras.
Mon père leva les yeux de son journal, ajusta ses lunettes et nous regarda avec bienveillance.
"Les enfants, faites-nous plaisir et allez vous coucher. Demain, vous aurez une surprise." dit-il avec un léger sourire.
"C'est vrai, papa ?" s'exclama Mia en sautant de joie.
"Oui." confirma-t-il en hochant la tête.
"Allez, viens, on va se coucher, Ray." dit Mia en me tirant par la manche.
"Bien joué, papa !" murmurai-je en soupirant, tout en suivant ma sœur vers les escaliers.
Mon père échangea un regard complice avec ma mère, qui sembla se détendre un peu. Suivant alors ma soeur l'esprit rempli de curiosité quant à la surprise qui nous attendait le lendemain.
Je m'appelle Ray, et j'ai 15 ans. Je vis avec ma famille dans le petit village de Lue, niché au cœur de la campagne française, en cette année 2225. Les rues autrefois animées sont désormais silencieuses, les maisons en pierre portent les marques du temps et de l'abandon. La Terre et ses ressources naturelles ont été bien trop longtemps exploitées par les hommes sans considération pour les conséquences. Les forêts majestueuses qui entouraient notre village ont été décimées, les rivières limpides sont désormais polluées, et l'air est devenu lourd, chargé de particules nocives qui rendent la respiration difficile.
Les populations du monde entier souffrent gravement de ce manque croissant de ressources ; plusieurs guerres ont déjà éclaté pour le contrôle des dernières réserves d'eau potable, de nourriture et de matières premières. Mais en ce moment, c'est une guerre totale qui nous guette, une menace planétaire imminente qui plane comme une ombre sinistre sur l'humanité. Nous avions déjà subi plusieurs grandes crises énergétiques qui avaient bouleversé notre mode de vie, nous forçant à adopter des mesures drastiques pour survivre.
Les énergies renouvelables, autrefois porteuses d'espoir et de renouveau, ne suffisent plus à subvenir à nos besoins toujours croissants. Les éoliennes géantes qui dominent les collines tournent au ralenti, les panneaux solaires sont souvent recouverts de poussière et de pollution, réduisant considérablement leur efficacité. La plupart des armes nucléaires avaient même été démantelées pour récupérer leur combustible radioactif et tenter de combler notre soif insatiable d'énergie. Pendant ce temps, les populations n'avaient cessé de croître au fil des années, aggravant une situation déjà précaire et tendue.
La détresse actuelle, attribuable au manque cruel de nourriture, d'énergie et aux problèmes environnementaux majeurs, avait fait naître en 2220, en Europe, un parti politique qui prônait le rassemblement de tous les pays européens pour faire front commun face à cette crise sans précédent. Ce parti, véhiculant un message d'unité, de force collective et de renouveau, séduisit de nombreux citoyens épuisés par les privations et le chaos ambiant. Très rapidement, il gagna en popularité, balayant les anciennes structures politiques, accéda au pouvoir et, au bout de cinq ans, forma ce que l'on appela « l'Empire ».
La France, quant à elle, refusa obstinément d'en faire partie, préférant conserver son indépendance, sa culture et ses valeurs démocratiques profondément enracinées. Mais l'Empire n'était en vérité que l'œuvre d'une famille influente et mystérieuse : les Von Kaiser. L'homme à la tête de cette famille puissante se nommait Grégor Von Kaiser, un personnage énigmatique et charismatique dont les ambitions semblaient sans limites.
Grégor Von Kaiser était connu pour ses discours enflammés et sa capacité à manipuler les foules. Les rumeurs allaient bon train sur ses véritables intentions. Certains disaient qu'il cherchait à établir une domination totale sur l'Europe, voire sur le monde entier, utilisant la crise comme prétexte pour asseoir son pouvoir. D'autres affirmaient qu'il possédait une technologie secrète capable de résoudre la crise énergétique, mais qu'il la réservait à ceux qui se soumettraient à son autorité.
Dans notre village de Lue, l'inquiétude grandissait. Les gens se rassemblaient sur la place du marché, chuchotant des craintes sur l'avenir incertain. Ma famille et moi tentions de vivre au jour le jour, cultivant notre petit jardin pour subsister, écoutant les nouvelles à la radio et à la télé usée avec appréhension. Chaque jour apportait son lot de mauvaises nouvelles, et l'ombre de l'Empire semblait s'étendre inexorablement vers nous.
"Allez, Ray ! " cria ma sœur d'une voix impatiente depuis le bas de l'escalier.
"C'est bon, j'arrive !"répondis-je en refermant mon livre à contrecœur, avant de la rejoindre.
Dans le salon, notre mère observait la scène avec un sourire tendre. Elle se tourna vers notre père, qui était assis dans son fauteuil usé près de la cheminée éteinte.
"Ils ont encore cette joie de vivre et cette insouciance." dit-elle en s'adressant à lui, ses yeux brillants d'une douce nostalgie.
"Je les envie tant." répondit-il en hochant lentement la tête. "Nous vivons déjà difficilement, et cela va encore empirer jusqu'à devenir un enfer. Notre petite ville commence aussi à manquer de nourriture ; les champs qui assuraient un peu notre survie ont été pillés il y a une semaine." ajouta-t-il d'une voix grave
Il soupira profondément, le regard perdu vers la fenêtre où l'on pouvait apercevoir la lune voilée par les nuages.
"Nous sommes l'une des plus grandes puissances agricoles, mais il nous est impossible de nourrir toute une population en étant aussi privés des importations des autres pays, sans compter les vols." fit-il remarquer d'un air sérieux.
"J'ai si peur pour eux." avoua-t-elle bouleversée, en serrant ses mains l'une contre l'autre.
"Moi aussi, mais le pire, c'est que nous ne pouvons rien y faire sauf prier pour qu'ils soient forts." répondit-il en posant une main réconfortante sur son épaule. Allez, Emma, allons nous coucher.
"Tu as raison." souffla-t-elle à demi résignée, en jetant un dernier regard vers l'escalier où nous avions disparu.
Pendant que nos parents se retiraient, ma sœur et moi étions déjà couchés côte à côte dans notre petite chambre. Les murs étaient décorés de dessins que nous avions fait ensemble, et la lumière de la lampe diffusait une lueur chaleureuse.
"Grand frère, tu crois qu'il y aura encore des guerres ?" demanda-t-elle d'une voix hésitante, brisant le silence.
"Les hommes ont toujours lutté pour leur survie au détriment des autres." répondis-je en la regardant. Mais si c'est le cas, je donnerai ma vie pour toi s'il le faut." ajoutai-je sans la moindre hésitation.
"Tu n'as pas peur ?" murmura-t-elle, ses yeux reflétant une lueur d'inquiétude.
"Si, comme tout le monde." admis-je en souriant légèrement. Mais quand on tient à quelque chose, on est prêt à tout pour le protéger, et tu es ce que je veux protéger." déclarai-je avec détermination.
Elle me sourit alors, un sourire qui éclaira son visage :
"Je t'aime, grand frère." dit-elle en me serrant la main avec affection.
"Moi aussi, je t'aime. Allez, dormons pour voir ce que Papa nous a réservé demain." répondis-je en tirant la couverture sur nous.
"Oui." acquiesça-t-elle en fermant les yeux.
Nous nous sommes alors tous les deux endormis dans les bras l'un de l'autre, bercés par les murmures du vent à travers les arbres et les espoirs d'un lendemain meilleur.
4 octobre 2225
Le lendemain, Mia et moi nous étions réveillés de bonne heure, excités par la promesse de la surprise que notre père nous avait réservée. Le soleil matinal inondait notre chambre de sa lumière dorée, et les oiseaux chantaient joyeusement à l'extérieur. À midi passé, nous terminions de nous préparer, ajustant nos vêtements avec soin.
"Nous sommes prêts !" cria Mia, le sourire jusqu'aux oreilles, ses yeux brillants d'enthousiasme.
"Ok, allons-y." dit alors notre père en nous regardant avec une lueur malicieuse dans le regard.
"Alors, c'est quoi cette surprise ?" demandai-je, aussi curieux que ma sœur, tout en descendant les marches du perron.
"Entre parents, nous avons organisé une petite fête." répondit-il en souriant, laissant planer un mystère.
"Cool !" s'exclama ma sœur, en sautant de joie.
Je vis les yeux de Mia s'illuminer sous mon regard. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu cette étincelle de joie chez ma sœur. Le poids des événements récents semblait s'être momentanément envolé. J'étais, bien sûr, allé m'amuser avec tout le monde. Après tout, ce n'était pas tous les jours que nous avions l'occasion de nous divertir ainsi. Les rires et la musique résonnaient dans l'air, créant une ambiance festive qui contrastait avec la morosité ambiante.
Mes parents et les autres parents nous observaient de loin jouer au loin avec les autres enfants, un sourire attendri sur leurs lèvres. Ils semblaient savourer chaque instant de ce répit bienvenu. Après quelques bonnes heures de jeux et de rires, je vins m'asseoir près de mon père qui était désormais seul, contemplant l'horizon.
Assis à ses côtés, je voyais ce magnifique coucher de soleil qui peignait le ciel de nuances d'orange et de pourpre. J'observais ma sœur jouer, sa silhouette se détachant sur la lumière déclinante, et c'est à ce moment-là que mon père commença à me parler.
"Tu t'es bien amusé, Ray ?" demanda-t-il d'une voix douce, sans détourner le regard du paysage.
"Oui, c'était vraiment sympa. Mia aussi a passé un bon moment. Je crois que tout le monde a passé un bon moment aujourd'hui." répondis-je en souriant.
"C'est vrai, c'était une magnifique journée." dit-il alors que le vent s'est soudainement mis à souffler, apportant avec lui une fraîcheur soudaine.
Mon père me regarda alors droit dans les yeux. Je discernais beaucoup d'émotions dans son regard, dont une profonde tristesse mêlée à de l'inquiétude.
"Ray, notre avenir est désormais incertain." dit-il gravement. Vous allez être confrontés à beaucoup d'épreuves, même après la fin. Je compte sur toi , tu devras être fort quoi qu'il arrive et prendre soin de ta sœur.
"Je le sais déjà, papa." répondis-je, tentant de masquer l'anxiété qui montait en moi.
Il hocha lentement la tête, posant une main rassurante sur mon épaule.
"Alors, tant mieux." dit-il avec un faible sourire. Rentrons.
Nous nous levâmes et commençâmes à marcher vers la maison, les dernières lueurs du jour disparaissant derrière les collines. Le silence s'installa entre nous, seulement troublé par le bruissement des feuilles.
Une famille qui crie est une famille unie.
5 octobre 2225
"Nous venons d'apprendre qu'il y a eu une série d'attentats contre l'Empire, revendiquée par un groupe extrémiste français. Mesdames et Messieurs, c'est avec regret que je vous annonce que l'Empire nous déclare officiellement la guerre. Tous les hommes de 18 ans et plus doivent s'enrôler sans délai. Des bus viendront vous chercher demain matin partout dans le pays. " Annonça la radio et la télévision.
Le lendemain
Le matin était gris, le ciel couvert de nuages lourds reflétait l'atmosphère pesante qui régnait dans la maison. Mon père, vêtu d'un uniforme fraîchement distribué, se tenait près de la porte, sa valise à la main. Mia, ma petite sœur, se précipita vers lui, les larmes aux yeux.
"Noooonnn papa, je ne veux pas que tu partes, je t'en prie !" criait Mia de toutes ses forces, sa voix brisée par les sanglots.
Mon père s'agenouilla pour être à sa hauteur, posant une main tremblante sur son épaule frêle.
"Je suis désolé, Mia, mais je suis obligé. C'est aussi pour vous protéger, toi et maman." dit-il, la voix tremblante et les yeux embués.
"Non, je ne veux pas, je ne veux pas ! " répétait-elle, sa détresse grandissant à chaque mot.
Ma mère, le visage pâle et les yeux rougis, s'approcha doucement.
"Chérie, s'il te plaît, emmène-la dans sa chambre." souffla mon père, presque à bout de forces.
"Non, non papa, papa ! " hurlait Mia tandis que ma mère l'entraînait doucement loin de l'entrée, ses cris résonnant dans toute la maison.
Resté seul avec mon père, le silence était lourd. Il se tourna vers moi, le regard empreint de détermination malgré la douleur qui se lisait dans ses yeux.
"Ray, écoute, je veux que tu sois fort, si fort que tu pourras protéger ceux qui te sont chers. Protège ta sœur et ta mère en mon absence. Au revoir… "
Il m'enlaça alors aussi fort qu'il le pouvait, son étreinte exprimant tout ce que les mots ne pouvaient dire. Submergé par l'émotion, je cherchai les mots à lui dire, puis ils jaillirent de tout mon être.
"Papa, quel est notre nom ?" demandai-je en le regardant droit dans les yeux.
Il sembla surpris, puis une lueur de fierté illumina son visage.
"Nous sommes des Shafter. "
Je serrai les poings, déterminé :
"Papa, je te fais la promesse que notre nom sera reconnu de tous, même par les Dieux. Je protégerai Mia et maman, je te le jure !" criai-je avec conviction.
Un léger sourire apparut sur ses lèvres.
"Tu feras bien plus que tu ne le crois. Je t'aime, mon fils. "
La porte se referma derrière lui dans un claquement sourd, laissant un vide immense. Resté seul, j'entendais les sanglots étouffés de ma sœur et de ma mère à l'étage.
"Je t'aime aussi, papa… " murmurai-je, le cœur lourd.
Dans les jours qui suivirent le départ de mon père, la France devint une véritable zone de guerre. Les bruits des explosions et des sirènes faisaient désormais partie de notre quotidien. Attaquée et envahie par les armées de l'Empire, notre nation résistait tant bien que mal. Elle tomba au bout de quelques mois, le 5 février 2226, sous la supériorité écrasante de l'ennemi.
Mais alors que la victoire semblait acquise pour l'Empire, des centaines de milliers de soldats furent déployés partout en France pour assurer la soi-disant sécurité et étouffer toute tentative de rébellion. Les rues étaient patrouillées par des soldats en armes, et le moindre signe de contestation était sévèrement réprimé.
Ce qu'il se passa par la suite est quelque chose que seul l'homme est capable de faire : des actes de cruauté et de barbarie qui dépassaient l'entendement.
La guerre est un jeu cruel qui ne se gagne qu'avec le sang.
7 février 2226
Alors que la pluie s'abattait violemment pendant la nuit, les gouttes martelant le toit comme un tambour incessant, le bruit d'un ordre se fit entendre à travers le grésillement d'une radio militaire.
"À toutes les unités, lancez l'opération Œil de Lune." ordonna une voix autoritaire, résonnant dans l'obscurité.
"Eh, ne déconne pas, fais ça proprement !" lança une autre voix, teintée d'impatience.
"Ouais, ouais, lâche-moi un peu !" répondit un soldat avec désinvolture.
Soudain, des coups retentirent contre la porte d'entrée, résonnant lourdement dans le silence oppressant de la maison.
"Boum, boum !"
À l'intérieur, quelqu'un fixait intensément un couteau posé sur la table, le regard perdu entre peur et détermination. La poignée tourna lentement, puis la porte s'ouvrit brusquement, laissant entrer un courant d'air glacial.
"Vous voulez quoi à une heure pareille ? " demanda ma mère, la voix tremblante, faisant face aux silhouettes menaçantes qui se tenaient sur le seuil.
"C'est juste une visite amicale." répondit l'un des hommes avec un sourire sinistre.
Soudain, ma mère fut projetée, tombant lourdement sur le sol et brisant des cadres photo qui ornaient le couloir. Nous étions encore à table lorsque nous l'avons vue s'écrouler, gisant désormais parmi les débris de verre. Un soldat lui avait assené un coup brutal.
"Maman !" s'écria ma soeur.
Mia accourut pour aider notre mère, qui essayait de se relever tant bien que mal, le visage marqué par la douleur.
"C'est que toute la petite famille est réunie ! " s'exclama le soldat en entrant, son regard scrutant chaque recoin de la pièce.
"Pitié, ce sont seulement mes enfants." supplia ma mère, les yeux emplis de larmes.
"Je vais en prendre soin, ne vous inquiétez pas." répondit-il, un rire terrifiant s'échappant de ses lèvres.
Son rire glaçait le sang. Ma mère, comprenant sans doute le sort terrible qui nous était réservé, se jeta sur lui de toutes ses forces.
"Fuyez vite !" cria-t-elle en s'agrippant à son arme.
"Ah sale pute !"
Des coups de feu assourdissants retentirent, résonnant comme le tonnerre dans la maison. Je vis ma mère s'effondrer contre le mur, ses vêtements s'imbibant de sang qui s'étalait en une tache sombre, sous les yeux horrifiés de Mia et moi.
"Maman, maman ! Vous l'avez tuée, vous l'avez tuée ! " criait Mia, sa voix brisée par les sanglots.
"Oui, et maintenant, c'est à ton tour. Mais avant, on va prendre du bon temps sous les yeux de ta mère." déclara le soldat, un sourire cruel étirant ses lèvres.
Il caressa la tête de Mia avec un regard empli de mauvaises intentions, tandis que moi, j'étais figé par la peur, incapable de bouger. Je ne suis qu'un adolescent, que pouvais-je faire ? Je ne peux pas tuer de sang-froid, mais alors pourquoi ai-je saisi ce couteau qui est dans mon dos ?
"Ray, Ray, Raaayyyy !" une voix résonna dans ma tête.
"Papa ?" murmurai-je, surpris.
"Tu m'as fait une promesse, non ?" continua la voix de mon père, claire et déterminée.
"Tu dois protéger ta sœur, tu m'avais dit que tu étais prêt !"
"Mais je le suis." répondis-je intérieurement, le cœur battant.
"Alors pourquoi tu trembles ? As-tu oublié ?! Pour chaque chose gagnée, il faut en abandonner une autre. Vas-tu abandonner ta sœur et t'enfuir ?"
"Jamais ! " m'écriai-je silencieusement.
"Alors, qu'est-ce que tu attends !"
C'est vrai, pour chaque chose gagnée, on en abandonne une autre. Papa nous disait souvent ça. Alors, je vais me laisser consumer par la colère, cette colère nourrie par l'image de ma mère gisant sur le sol, de ma sœur sur le point d'être agressée, et je vais...
"Devenir un meurtrier !" murmurai-je, serrant le couteau si fort que mes jointures en blanchirent.
La détermination remplaça la peur dans mon esprit. Je levai les yeux vers le soldat, prêt à tout pour protéger Mia. Mon cœur battait à tout rompre, chaque pulsation résonnant comme un tambour dans mes oreilles. Le temps semblait s'être ralenti, chaque seconde s'étirant à l'infini.
Le soldat ne m'avait pas encore remarqué, trop occupé à tourmenter ma sœur. Je pris une profonde inspiration, sentant une vague incontrôlable de colère m'envahir. Les paroles de mon père continuaient de résonner dans ma tête en boucle.
"Hé, toi !" lançai-je d'une voix que je voulais ferme.
Le soldat se retourna, surpris, un rictus moqueur apparaissant sur son visage.
"Oh, le petit frère veut jouer les héros ? " ricana-t-il.
Proche de lui, je ne lui ai pas laissé le temps de réagir. Le sang a jailli soudainement lorsque le couteau que je tenais s'est planté en plein dans l'œil du soldat, qui hurla de douleur. Il tomba à la renverse, et je me suis rué sur lui, lui assénant encore plusieurs coups de couteau sous les yeux de ma sœur.
"Crève, crève, crève, sale pourriture ! " hurlais-je, mon visage se couvrant de son sang.
On dit que l'homme peut devenir le pire des monstres s'il veut protéger ce à quoi il tient, et à ce moment-là, il n'y avait qu'une chose dans ma tête : protéger ma sœur !
Le soldat n'arrêtait pas de crier, au point que cela alerta son collègue.
"Putain, il se passe quoi ? " entendîmes-nous depuis le couloir.
Les mains et le visage désormais couverts de sang, je pris la main de ma sœur qui avait assisté, pétrifiée, à ce spectacle horrifiant, et je me dirigeai précipitamment vers notre mère.
"Maman !" sanglotait Mia, la voix brisée par l'émotion.
"Mes chéris... " peina notre mère à articuler, chaque mot lui coûtant un effort immense."
"Maman, il faut que tu te relèves, je t'en prie ! " suppliai-je en m'agenouillant à ses côtés, tenant sa main froide.
"Raah… Je suis désolée… Je vais devoir vous laisser… Je… Je vous aime, mes petits anges." murmura-t-elle faiblement, une larme glissant sur sa joue pâle.
Ma sœur et moi vîmes notre mère rendre son dernier souffle, ses yeux se fermant doucement comme si elle s'endormait. Le silence qui suivit était déchirant, seulement troublé par les sanglots étouffés de Mia.
"Mia, on doit y aller vite ! " dis-je, la panique montant en moi alors que des bruits de pas se rapprochaient.
"Non, non ! " protesta-t-elle, refusant de lâcher la main de notre mère.
Je lui ai alors donné une gifle légère pour la ramener à la réalité.
"Écoute, j'ai promis de te protéger. Tu veux mourir, c'est ça ? Tu veux que maman soit morte pour rien ! " lançai-je d'une voix ferme, mes yeux fixant les siens.
Mia me répondit, les larmes aux yeux et d'une voix sanglotante.
"Non… Non..."
"Alors, allons-y." insistai-je en serrant sa main avec détermination.
Mia regarda une dernière fois en direction de notre mère, lui adressant un ultime adieu.
"Au revoir… Maman, je t'aimerai toujours." murmura-t-elle, sa voix brisée par l'émotion.
Nous nous sommes alors levés, déterminés à fuir cet enfer, tandis que les bruits de pas du second soldat se rapprochaient dangereusement. Le cœur battant à tout rompre, nous nous sommes dirigés vers la porte de derrière, guidés par l'instinct de survie et la promesse de protéger ce qui restait de ma famille.
L'autre soldat arriva sur le pas de la porte, ses bottes claquant sur le sol humide. Il découvrit avec horreur le corps de son collègue gisant dans une mare de sang, le couteau toujours planté dans son visage. Son regard se tourna alors vers moi, alors que nous passion la porte. Le visage maculé de sang, mes yeux reflétaient une noirceur profonde, presque inhumaine.
Le soldat, saisi par la peur, se demanda :
"Est-ce que ce sont les yeux d'un enfant ?"
Le soldat mit quelques secondes à reprendre ses esprits avant de se lancer à notre poursuite.
"Putain, revenez ici, bande de sales gamins !" hurla-t-il, sa voix résonnant dans la nuit.
Des cris retentissaient partout dans la ville, mêlés aux sirènes lointaines et au fracas de la pluie qui s'abattait sans relâche depuis plus de trois heures. Les ruelles étroites étaient inondées, les pavés glissants rendaient notre fuite périlleuse. Et malgré la pluie plusieurs maisons s'étaient transformées en brasier, je courais avec ma sœur, le cœur prêt à exploser, tentant désespérément d'échapper à notre poursuivant.
"Ne lâche pas ma main, et surtout ne t'arrête pas, Mia !" criai-je, la voix étouffée par le tonnerre.
Le vent violent fouettait nos visages, le froid pénétrant nos vêtements trempés. Après avoir parcouru plus de cent cinquante mètres à toute allure, Mia trébucha lourdement au sol, tombant dans l'eau sale des flaques.
"Grand frère, je n'en peux plus !" sanglota-t-elle, les larmes se mêlant à la pluie sur ses joues pâles.
"Je sais, mais on n'a pas le choix !" répondis-je, luttant pour reprendre mon souffle, mon regard scrutant l'obscurité derrière nous.
Le soldat se rapprochait dangereusement, ses pas lourds résonnant sur le pavé, sa silhouette se dessinant entre les éclairs. Mia était épuisée, tremblante de froid et de fatigue.
"On n'a plus le temps, je vais te porter."déclarai-je avec détermination.
Je la soulevai dans mes bras, ignorant la douleur qui irradiait dans mes muscles fatigués. Le poids de ma sœur était léger, mais l'épuisement menaçait de me submerger. Malgré tout, je me remis à courir, chaque pas m'éloignant un peu plus du danger imminent. Le monde autour de nous semblait s'effacer, réduit au seul son de nos respirations haletantes et du martèlement de la pluie.
Les ruelles sombres défilaient, les ombres des bâtiments déformées par les éclairs illuminaient brièvement notre chemin. Mon esprit était focalisé sur une seule chose : protéger Mia à tout prix. La promesse faite à mon père résonnait dans ma tête, me donnant la force de continuer malgré la fatigue écrasante.
"Tiens bon, Mia, nous y sommes presque." murmurai-je, plus pour me convaincre moi-même que pour elle.
Au bout d'une centaine de mètres, avec ma sœur sur le dos, je suis tombé à mon tour, les jambes flageolantes et le souffle court. La pluie continuait de tomber en trombe, rendant le sol glissant et traître. Nous étions à présent sur un pont de pierre, ancien et usé par le temps, les eaux tumultueuses de la rivière grondant en dessous. Je me suis relevé aussi vite que possible, malgré la douleur qui irradiait dans tout mon corps. Mais le soldat nous avait rattrapés et nous tenait désormais en joue, son arme pointée directement sur nous, le regard dur et sans pitié.
"Vous êtes vraiment des petits merdeux ! " s'écria-t-il, sa voix résonnant malgré le vacarme de la pluie.
Le cœur battant à tout rompre, je me suis placé instinctivement devant Mia pour la protéger, levant une main en signe de supplication.
"C'est moi qui ai tué ton collègue. Tue-moi, mais je t'en prie, ma sœur n'a que dix ans ! " implorai-je, les yeux fixés sur le canon de l'arme.
Le soldat esquissa un sourire cruel, ses lèvres s'étirant en une grimace effrayante.
"Désolé, gamin, ça n'a rien de personnel." dit-il en haussant légèrement les épaules, comme si cela n'avait aucune importance.
Son indifférence me glaça le sang. Je compris à cet instant que nos vies ne comptaient pas pour lui. Terrifié, mais déterminé, dans un réflexe instinctif, je l'ai serrée contre moi de toutes mes forces, tentant de sauter du pont.
Le soldat ouvrit le feu, le bruit de la détonation déchira la nuit, couvrant même le grondement de la rivière en contrebas. L'impact nous projeta en arrière, et avant que je ne puisse réaliser ce qui se passait, nous basculions par-dessus la rambarde du pont. Le monde sembla ralentir alors que nous tombions, la pluie fouettant nos visages, les lumières de la ville s'estompant tandis que nous plongions dans l'obscurité.
Nous nous enfonçâmes dans les eaux glacées qui avaient fortement gonflé avec la pluie incessante. Le choc avec la surface de l'eau fut brutal, coupant ma respiration. Le courant puissant nous entraînait, nous séparant l'un de l'autre. Luttant pour remonter à la surface, je sentais mes forces m'abandonner.
"Il fait noir, j'ai si froid. Vais-je mourir ? Et Mia ? Ah, Mia, Mia, je dois protéger Mia !" pensais-je, le désespoir m'envahissant.
Rassemblant le peu d'énergie qui me restait, je battis des bras et des jambes, cherchant à rejoindre la rive. Après ce qui me sembla une éternité, je sentis le sol sous mes pieds. J'ouvris les yeux et me rendis compte que j'étais étendu sur une sorte de berge, le corps engourdi par le froid. La lune était cachée par les nuages épais, n'offrant qu'une faible lueur qui peinait à percer l'obscurité.
"Mia, tu vas bien ? " murmurai-je d'une voix rauque, en tournant la tête pour la chercher du regard.
À côté de moi, Mia était allongée sur le sol boueux, toussant et crachant de l'eau. Elle ouvrit les yeux, son visage pâle et trempé, mais vivant.
"Oui., je vais bien grand frère." répondit-elle en toussant ses yeux rencontrant les miens.
La voix de Mia me rassura un instant, mais le froid glacial que je ressentais céda bientôt la place à des sensations de brûlure insupportables qui parcouraient tout mon corps. À ce moment précis, je compris ce qui m'arrivait sans le moindre doute.
"Tant mieux, Mia, je crois que je vais devoir te laisser moi aussi." dis-je d'une voix faible, tentant de masquer la douleur qui m'envahissait.
"Quoi ? Grand frère, qu'est-ce que tu racontes ! " s'exclama-t-elle, l'inquiétude se lisant sur son visage.
Les nuages sombres qui cachaient la lune se dissipèrent lentement, et la lumière bleu de l'astre nocturne éclaira mes mains tremblantes et mes vêtements imbibés de sang, révélant l'étendue de mes blessures sous les yeux horrifiés de Mia.
"Non, non, grand frère ! Ce n'est pas vrai !" s'écria-t-elle, la voix brisée par l'émotion.
"Quel mauvais frère je fais, de te laisser désormais livrée à toi-même." murmurai-je avec regret, le regard baissé.
Mia essayait désespérément d'appuyer sur mes blessures pour arrêter le saignement, mais cela ne faisait qu'accentuer la douleur insoutenable que je ressentais, tant les balles avaient perforé mon corps.
"Mia, ça ne sert à rien... je vais mourir." dis-je en posant une main tremblante sur la sienne.
"Tu avais dit que tu allais me protéger !"protesta-t-elle, les larmes coulant sur ses joues pâles.
"Et je l'ai fait." répondis-je doucement, un faible sourire aux lèvres.
"Non ! Je veux que tu me protèges toute ma vie, tu m'entends !" s'écria-t-elle, sa détresse grandissante.
"Malheureusement, ça ne sera pas possible... peut-être dans une autre vie." murmurai-je, sentant mes forces m'abandonner.
"Non, non, non !" répéta-t-elle, secouant la tête avec désespoir.
"Écoute bien les derniers mots de ton grand frère. À partir de maintenant, tu devras te débrouiller seule. Sois discrète, survis. Si la vengeance te permet d'avancer, alors embrasse-la et deviens forte, plus forte que la force elle-même. Ce sera désormais notre devise familiale. Et s'il existe des Dieux, fais en sorte que notre nom soit reconnu par eux." déclarai-je, avec un sourire lourd.
"Mia, ma petite sœur adorée, même si je ne peux plus te voir, même si je suis loin de toi, je serai toujours avec toi, je te le promets." dis-je en serrant faiblement sa main.
Je sentais mon corps me lâcher, une lourde fatigue s'emparant de moi comme si la mort elle-même me prenait doucement dans ses bras. Mon souffle devenait court, chaque inspiration était un effort douloureux. En observant le visage magnifique de ma petite sœur, ses yeux bleus remplis de larmes scintillant à la lueur pâle de la lune, mes paupières se faisaient de plus en plus lourdes et ma vision se troublait.
"Je t'aime, petite sœur..." soufflai-je dans un murmure presque inaudible, mes yeux se fermant doucement alors que l'obscurité m'enveloppait.
"Non, grand frère, non !" cria-t-elle, les sanglots étouffant sa voix.
"Ahh non, ce n'est pas possible ! Ahh, ah !" hurla-t-elle, submergée par la douleur et le désespoir.
Mia resta de longues minutes à étreindre le corps sans vie de son frère, le cœur brisé par une douleur indescriptible. Les larmes inondaient son visage, ruisselant sur ses joues et se mêlant à la pluie qui continuait de tomber. Chaque sanglot secouait son frêle corps, tandis qu'elle serrait désespérément son frère contre elle, refusant d'accepter la réalité cruelle qui s'imposait. Le monde autour d'elle semblait s'être arrêté, les bruits de la nuit étouffés par le tumulte de ses émotions.
"C'est terminé ? Je ne rentrerai plus jamais chez moi ? Pourquoi ? Parce que je n'étais pas assez forte ? Les faibles doivent-ils simplement se contenter de pleurer ?" murmura-t-elle, le regard perdu dans le vide.
Une multitude de sentiments l'envahirent : le chagrin, la confusion, la peur. Mais l'un d'entre eux monta en elle avec une intensité dévorante, éclipsant tous les autres. Ce sentiment brûlant, qui faisait battre son cœur avec une fureur nouvelle, prit le dessus : la haine. Une haine profonde contre ceux qui avaient arraché sa famille, détruit son innocence et laissé sa vie en lambeaux.
Elle baissa les yeux vers ses mains tremblantes, tachées du sang de son frère. Le liquide écarlate coulait entre ses doigts, chaque goutte semblant alourdir le poids de sa douleur. Le contraste du rouge vif sur sa peau pâle rendait la scène encore plus saisissante. Son visage, auparavant inondé de larmes et marqué par le désespoir, se transforma lentement sous l'effet d'une haine profonde qui s'emparait de tout son être, déformant ses traits juvéniles. Ses yeux, autrefois pleins d'innocence, brûlaient désormais d'une lueur sombre reflétant la tempête qui faisait rage en elle.
"Je vais les éliminer de ce monde ! Les exterminer ! Tous jusqu'au dernier, les responsables de ma tragédie ! " s'écria-t-elle, sa voix résonnant avec une intensité nouvelle, presque méconnaissable.
À cet instant précis, elle laissa derrière elle l'enfant qu'elle était, prête à embrasser le chemin sombre que sa vengeance lui dicterait. Et un éclair déchira l'horizon, comme pour sceller la promesse qu'elle venait de faire.