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Dans la capitale de Taured, Rimini, plus précisément dans la zone portuaire, les lumières des bougies éclairent les maisons alors que la nuit tombe. La ville ressemble à un champ de lucioles et les bateaux entrent et sortent incessamment de la gigantesque baie Tisumaine. Le port de la ville n'est que sur un petit bout de cette baie car celle-ci est tellement grande que certains l'appellent "Le renfoncement des Quatre" car quatre grandes îles séparent la Mer des Trois de la baie Tisumaine.
L'elfe à l'allure décrépi se trouve dans une petite maison, assis devant un bureau rempli de papiers et de feuilles aux multiples dessins. Quelques dessins ressemblent à des plans de bataille alors que d'autres ressemblent à des tracts.
Evidemment avec une bouteille d'alcool à la main, le demi-elfe est en réalité en train de dormir profondément devant le bureau.
Un peu plus loin dans le port, plusieurs affiches à peu près identiques de celles sur la table sont collées sur des bâtiments, au milieu d'autres affiches et saletés.
Dans ces environs, une personne se balade seule dans la rue, au dos courbé et au regard tourné vers le sol rempli de tristesse. Il remarque une affiche et la ramasse pour la lire.
Plus il lit l'affiche et plus son visage s'illumine et pour finir, un grand sourire apparait. Il plia puis rangea l'affiche avec ses affaires avant de continuer sa marche, mais cette fois avec une expression joviale sur le visage.
Le lendemain matin dans les rues du port de Rimini, les gens se rassemblent et des groupes se forment naturellement devant les affiches collées sur les murs. Des gens partent par désintérêt alors que d'autres viennent. Les affiches possèdent un petit dessin d'une carte où apparait Asamer et Taured. Des flèches pointent depuis Rimini vers la grande île à côté d'Asamer.
De ce que l'on dit, cette grande île est remplie de bêtes sauvages et, soi-disant, le Conseil des Anciens a établi son repère sur l'île.
Le Conseil des Anciens est une école de magie : la plus grande et la plus puissante, acceptant n'importe quel utilisateur de magie tant que ses dessins ne sont pas obscures.
Sur l'affiche sont marqués ces mots :
« Pour ceux qui sont tombés à Asamer. Sachez que vous n'avez pas été oublié. Sous mon commandement, le G.I.C.A (Groupe d'Intervention pour la Conquête d'Asamer) conquerra à nouveau ces terres. Quand le ciel sera rouge, rassemblez-vous sur la place centrale du port. »
Ce message a apporté la curiosité dans le cœur de nombreuses personnes. Il est bref mais fait naitre un intérêt croissant chez les gens. Certains se demandent pourquoi reconquérir un pays déjà perdu ? Pourquoi maintenant ? Et surtout comment faire ?
- Je vois pas du tout comment ils peuvent faire ça… Ce pays est perdu… Ils devraient accepter le passé. dit une dame dans la foule avec un grand soupir.
Le tract n'apporte rien d'autre à part le dessin et le message...
Valak sort de sa maison avant de voir les foules intéressées par les tracts. En général, les gens éprouvent un désintérêt profond envers les affiches de la G.I.C.A mais on peut quand même apercevoir quelques personnes ravies de savoir que Asamer n'est pas oublié.
- Tsss… Ils ne connaissent rien d'Asamer… Presque tous les pauvres de Rimini sont des rescapés de Asamer… dit-un vieil homme pour réagir aux remarques stupides de la foule.
De son côté, Valak marche tranquillement en direction d'une auberge. Sa chemise blanche est ouverte alors qu'il n'a rien en dessous et son pantalon noir moulé lui donne un style plutôt... hors du commun.
Devant la porte de l'auberge, il prend quelques gorgées de gnôle et défonce la porte à grand coup de pied avant de rentrer.
- J'aimerais voir votre chef ! dit-il d'une voix qui montre bien qu'il n'a pas décuvé, Et une pinte s'il vous plaît !
L'auberge se tût un instant et tous ceux qui sont dans l'auberge se retournent vers Valak dans l'incompréhension. Et ce n'était pas une auberge ordinaire. Les chambres se trouvaient à l'étage et le bar était au rez-de-chaussée.
Et surtout, ce n'étaient pas des clients ordinaires. Toutes les tables sont occupées de bandits, de scélérats et voleurs armés jusqu'aux dents. C'est un repère de brigand.
Tout à coup, les insultes volent vers Valak alors qu'il continue de boire.
- C'est qui celui-là ! Il se croit chez sa mère ? crie un bandit.
- On t'avait déjà prévenu de ne pas revenir ici ! crie un autre voleur sur Valak.
Les bandits se lèvent et retournent leurs tables pour faire des barricades. Ils sortent leurs armes et dans la seconde couteaux et arbalètes sont pointés sur Valak.
Valak range rapidement sa bouteille et jeta un coup d'œil rapide aux bandits. C'est là qu'il remarque un nain.
- Je vous ai déjà dit que j'avais la haine des nains ? demande Valak nonchalamment.
Sans attendre plus longtemps, il sort un couteau et le jette en direction du nain. Le couteau et le geste sont si rapides que personne n'a eu le temps de réagir alors que le nain tombe raide sur le sol avec un couteau planté dans sa tête.
- C'est pas contre lui ! J'aime juste pas les nains ! dit-il stupidement d'un air innocent.
Certains bandits sont directement allés voir l'état de leur ami et les autres sont figés de surprise. Puis ils reprirent leur esprit et des carreaux d'arbalètes commencent à voler en direction de Valak.
Evidemment, Valak ne prend aucun mal à simplement esquiver les dizaines de carreaux avec des mouvements aussi simples que fluides, comme s'il est entrain de danser. Et alors que l'assaut continue, Valak jette à répétition des couteaux avec des gestes bien trop rapides pour que les bandits aperçoivent les couteaux venir dans leur face. Valak vise les bandits qui le charge pendant qu'il esquive tous les tirs d'arbalètes.
Les bandits tombent un par un alors que Valak jette des couteaux qui semblent apparaitre miraculeusement de nul part.
Quelques bandits arrivent à se rapprocher de lui pour lui asséner des coups de couteaux mais c'est alors que Valak dévie chaque attaque et renvoie les hachettes des bandits en plein dans leur face, sans vraiment de difficulté. Il ne se fait pas toucher une seule fois et si des bandits arrivent par miracle au corps à corps, il retourne leurs attaques contre eux dans le plus grand des calmes.
Quand le sol est enfin immaculé de cadavres et qu'il ne reste qu'une dizaine de bandits, un cri sourd se fit entendre, surpassant même les cris de peur et de haine des bandits.
- Que quelqu'un m'explique c'est quoi ce bazar ! crie une dame avec stupeur en apercevant les cadavres qui recouvrent le sol.
La dame a une armure de cuir complète sur elle, sauf au visage. Elle semble être une combattante expérimentée et a un visage magnifique, complètement en contradiction avec son corps de combattante. Ses yeux sont bleues et ses cheveux longs et bruns accompagnent parfaitement sa frange.
- Patronne ! C'est lui ! crie de joie un voleur en pointant du doigt Valak, C'est Valak qui est revenu ! On a besoin d'aide, seul vous pouvez le vaincre !
Son regard se jette sur Valak et la colère apparait soudainement sur son visage.
- ...Valak... Pourquoi t'es là ? dit-elle sèchement tandis que la colère domine de plus en plus son visage.
- J'ai un marché à faire avec toi ! Mais il me semble avoir demandé une pinte aussi ! dit-il avec un air innocent, comme si les trente dernières secondes de massacre n'avaient pas existé.
- Viens avec moi… Et si tu fais un seul mouvement louche, je te fais payer la mort de mes hommes de main. Ils m'ont couté cher…
Dans une petite salle simplement décorée, Valak et la dame se font face. Valak a enfin sa pinte entre les mains alors que la dame croise les bras comme pour se renfermer sur elle-même tout en fusillant du regard Valak. Ils sont seuls dans la pièce et donc personne ne peut les déranger. Après un petit blanc gênant, Valak prit l'initiative.
- Ne fais pas cette tête-là, Lili, elle gâche ton jolie minois… annonce Valak avec une voix mielleuse.
- Tsss... en deux ans tu n'as pas changé à ce que je vois... Pourquoi tu es là ? Je t'avais dit de ne plus jamais revenir. dit-elle avec un ton froid comme la glace.
- C'est vrai que la dernière fois qu'on s'est vu, c'était quand on a rompu... Mais sinon, je suis ici pour t'offrir un travail. Un très beau travail.
- La ferme. Et c'est quoi ton travail ? Je ne prends jamais un contrat sans rien en retour. Surtout si c'est toi.
- Ne t'inquiète pas je m'en doutais. Je sais que tu connais beaucoup, beaucoup de monde. Construis-moi un bateau volant, tout simplement. Tu as trois mois et 1 000 000 de pièces d'or. Tu pourras garder ce qui te restera. dit-il simplement en buvant son alcool, comme si ce qu'il raconte est anodin.
Mais Lili reste sous le choc de ce qu'elle a attendu. La confusion gagne son visage et est tellement grande qu'on ne voit même plus une once de colère contre Valak.
- Att...Att...Attends.... Un bateau volant ? Il faudrait des mages et une énorme énergie magique pour ça ! Et 1 000 000 de pièces d'or ? Ça doit au moins être la richesse d'un roi ! Comment tu as fait pour avoir autant ?
- J'ai...disons... mes propres moyens. Je te demande juste de faire avec ça, je n'aurai pas le temps pour le faire mais je sais que tu as des bons contacts. Et puis l'argent te permettra de rembourser l'incident fâchex qui s'est produit avec tes hommes. Bonne chance.
Puis il se lève et lance une petite bourse à Lili, qu'elle récupère en vol.
- Tout est dedans. Au revoir. dit-il avant de sortir et de terminer sa pinte.
- J'ai 3 mois pour faire construire un bateau volant ? Et puis… Aaah ça n'a aucun sens ! Ça lui ressemble bien...
*
Dans une prison derrière les barreaux, Syl est assis sans rien sur lui à part une chemise et un pantalon. La cellule est sombre et une torche unique éclaire les murs humides. Un petit coffre se trouve non loin devant le mur de ce couloir de pierres. Toutes les cellules sont entourées de barreaux de fers. Il n'y a aucune intimité pour tous les détenus.
Un garde, celui qui a jeté Syr Syl derrière les barreaux, fait un tour de ronde quelques fois dans la journée.
Syl est à la cellule tout au bout du couloir et une cellule se trouve à sa gauche. Dedans, un vieil homme à la grande barbe et aux longs cheveux blancs est assis contre le mur au fond de la cellule.
- Que fais-tu là jeune homme ? demande-t-il à Syl.
- Comment sais-tu que je suis un jeune homme ? Je suis là pour avoir terrassé un homme possédé ! J'ai détruit une boutique et mis le feu à la ville avec... mais ce n'est pas ma faute. Pas trop. Je serai libéré d'une minute à l'autre. Et toi alors ?
- Je vois que j'ai affaire à un mage compétent. Même si sans ton grimoire tu ne peux pas utiliser tes sorts et donc sortir d'ici... dit-il en rigolant doucement. Moi... je suis un hérétique qui ne croit pas en un dieu qui m'a abandonné. Je suis dans cette prison depuis tellement longtemps que je ne me rappelle même plus le visage de ma fille... son visage s'assombrit et sa voix reflète la mélancolie et la tristesse dans son cœur.
- Je vois... Comment s'appelle-t-elle ? Et pourquoi ils te considèrent comme un hérétique ?
- Elle s'appelle Joly... Et pourquoi je suis un hérétique ? La raison est simple : Rak'Dall est une dictature qui utilise la théocratie pour se cacher. Tout le monde est heureux mais c'est normal car tous ceux encore en vie sont ceux qui prient pour Abadar et font des offrandes à l'État. Ils sont abrutis par le système. Les autres, comme ma famille et les petits villages reculés, ne prient pas et sont chassés par les inquisiteurs pour "préserver la paix".
- Je comprends... Je ne voyais pas Rak'Dall comme ça. A vrai dire, je viens du Conseil des Anciens, mais mes motivations m'ont poussé à abandonner cette école qui ne pouvait plus rien m'apporter... J'aimerais en apprendre davantage sur ce pays et vous aider ! Je pourrais vous faire sortir d'ici.
- Je n'ai aucune raison de rester ici. Mais je n'en ai aucune pour sortir. Ici, je suis nourri et logé. Si je sors d'ici je serai une nouvelle fois chassé...
- J'accepte votre choix.
- Allez voir ma fille pour moi. Elle s'appelle Joly. Si elle est encore dans la plus haute montagne de Thorciel, elle pourra vous aider, dit-il à Syl. Et je crois que vous avez de la visite, rajoute-t-il avant de tourner la tête et de retourner à ses occupations.
Plus loin dans le couloir, une personne avec des magnifiques vêtements de soies s'approche de la cellule de Syl. Il n'a pas l'allure d'un garde, mais plutôt d'une sorte d'émissaire. Il s'arrête devant la cellule de Syl pour le regarder avec arrogance.
- Syr Syl ! J'ai l'honneur, ou le déshonneur, de vous annoncer que votre exécution sera demain à l'aube. annonce l'émissaire dans le plus grand des calmes.
Syr Syl est ébahi. Tellement de questions viennent à lui qu'il a l'impression que sa tête va exploser.
- Pourquoi je devrais être exécuté ? Qui a ordonné ça ?
- Vous savez très bien pourquoi ! Vous avez tué un marchand et mis le feu à la ville ! Et seul le Seigneur Inquisiteur Valentas a le pouvoir d'exécuter quelqu'un. Comment pouvez-vous ne pas savoir ça !
Il tourne ensuite le dos à Syl et part, sans en dire davantage.
- Eh bien... ma mission va être plus compliquée que ce que je croyais, soupire Syl avant de se tourner vers le vieil homme. D'ailleurs, vous ne m'avez pas dit comment vous saviez que j'étais un jeune homme.
- Un vieil homme peut bien en reconnaître un autre. Vous n'êtes pas censé sortir d'une minute à l'autre d'ailleurs ? dit-il d'un léger rire.
- Vous cachez beaucoup de choses. Et la curiosité est mon seul défaut ! Et bien évidemment que je vais sortir ! Si ce pays est aussi corrompu que vous le dites, je vais utiliser la religion. Pour une fois que ça me soit utile.
Une dizaine de minutes plus tard, Syr Syl enleva la magie qui recouvrait son corps et il redevient normal. Il a de nouveau son physique de jeune.
- Je peux toujours contrôler ma magie et lancer des petits tours, même sans mon grimoire. Regardez bien, la fourberie a toujours été mon point fort, dit-il au vieil homme.
Puis Syl masse ses joues comme pour se décontracter et tout à coup il commence à pleurer toutes les larmes de son corps en poussant des hurlements de détresse et des cris à l'aide. Il crie de tous ses poumons et pousse des halètements comme s'il s'étouffe.
- Aaaaah ! A l'aide ! A… aidez-moi ! Qu…que s'est-t-il passé ? Pourquoi je… pourquoi je… pourquoi je suis ici !?!
Les autres prisonniers lui lancent des insultes et le prient de se taire alors que ses hurlements incessants sont insupportable à écouter.
Un garde accoure vers la cellule de Syr Syl et dégaine son épée.
- Ferme-là !! Et pourquoi tu cris ! dit-il d'un ton menaçant et agressif.
Il a des petits cernes et on pourrait croire qu'il vient de se réveiller d'une petite sieste.
- Je...! Je...! JE SAIS PAAS !! J'étais en train de prier dans le temple d'Abadar, comme tout bon prêtre ! Et c'est là qu'en ouvrant les yeux je me retrouve enfermé ici !! Vous êtes qui !? Vous me voulez quoi ! hurle Syl en pleurant comme un bébé avec un air terriblement désespéré.
- Je ne comprends pas ! Vous êtes un prêtre de Abadar ? Excusez-moi ! Pitié ce n'est pas ma faute ! Désolé d'avoir crié ! dit le soldat alors que la peur commençait à ronger son visage.
Il prend son trousseau de clé dans la panique et ouvre vite la cellule.
- C'est vrai que vous êtes complètement différent du détenu ! C'était un vieillard ! Comment êtes-vous arrivez là ?
- Je ne sais pas comment il a fait ! Mais regardez mon ventre ! J'ai un signe bizarre dessus !
Syl lève sa chemise et montre son ventre au garde. Gravé à l'encre, une rune est inscrite au milieu de son torse.
- Je ne vois pas du tout ce que ça veut diiii...re... annonce le garde en lisant la glyphe sur le ventre avant de s'assoupir profondément et de tomber sur le sol.
- Si tous les gardes sont comme lui je ne vois pas où est le problème ! Vous voyez, dit-il au vieil homme, j'ai toujours un tour dans mon sac !
Syl laisse le garde au sol sans l'achever et récupère toutes ses affaires dans son coffre. Il prend une quinzaine de minutes pour s'habiller et remettre tous ses sacs, ses fioles et ses sacoches en ordre.
- Comment t'appelles-tu, vieil homme ?
- Je ne m'appelle pas. Souviens-toi seulement de ma fille. Elle devrait pouvoir t'aider dans ta mission.
- Mais… Je ne t'ai jamais parlé de ma mission… Syl sourit simplement, Je me souviendrai de toi...
Syl n'insiste pas davantage et il rassemble la magie autour de lui, son grimoire lévite et les pages se tournent dans tous les sens comme si elles sont prises dans une tempête. D'un coup, il disparut. Sans laisser de traces de son passage, si ce n'est un garde endormi.
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Vacantum, grand pays à l'ouest du Continent Sauvage. Ses nombreux pâturages, ses grandes plaines et sa grande taille ont fait de lui le pays avec la cavalerie la plus puissante et belliciste du Continent Sauvage. De plus, les grandes montagnes des sombres nains se trouvent au nord-ouest du continent, et donc de Vacantum, et fournissent en armes et en armures le pays et sa capitale.
Le centre du Continent Sauvage est une mer de montagnes inexplorées et seuls Vacantum et Taured sont des pays civilisés, car tout le sud et un petit passage à l'est de la mer de montagnes sont sauvages, remplis de monstres, de créatures de légendes et de barbares sans foi ni loi. Les forêts denses et noires remplissent le sud et même Vacantum n'osait pas envoyer son armée par peur de la perdre. Jusqu'à maintenant. Vacanti, capitale de Vacantum, a rassemblé plusieurs groupes de soldats d'élites et de cartographes et les a envoyés dans le sud, aussi appelé "le territoire sauvage de Gozreh", un nom parfaitement bien choisi car Gozreh est le dieu de la nature.
Dans une forêt sombre et obscure, la faune et la flore remplissent tous les recoins de la forêt. Cette forêt si dense couve en son sein nombreux animaux et créatures. Ici, les animaux sauvages ne sont que des bêtes assoiffées de sang et seules les plus puissantes et les plus malignes peuvent espérer survivre.
Dans un petit bout de la forêt, une mare de sang et de cadavres recouvre l'herbe. Les cadavres sont chauds et le sang est frais. Au milieu de tous ces cadavres se trouvent des sortes de petits gobelins gris avec des masques en bois cachant leur visage. Sur ces masques rudimentaires sont peints et sculptés des visages terrifiants.
Alors que les hommes en armure sont déchiquetés et parsemés sur le sol et que les gobelins gris sont tranchés et coupés, seul un homme est assis là, sur les genoux, au milieu du champ de morts. Sa tête est tourné vers les cieux et son regard inébranlable perce les cieux tandis que dans son dos restent plantées des javelines qui transpercent son armure de plates. Du sang coule à flots et son épée est aussi ensanglantée.
Il se lève brusquement et arrache les javelines de son dos, projetant son sang encore humide par terre. Il prend sa lance au sol mais ne fait rien quant à ses blessures.
- D'ici quelques minutes, mes blessures seront parties… Mais eux… ils sont morts... par ma faute...
La tristesse remplit sa voix mais l'énervement aussi.
- Il va bientôt faire nuit. Les pleurer ne les sauvera pas... Je dois trouver un abri.
Il marche quelques minutes et trouve une petite grotte, miraculeusement inhabitée. Une fois à l'intérieur, l'homme exténué ressent des frissons tout au long de son dos et ses poils se hérissent. C'est comme s'il n'était pas seul et que son corps voulait le lui faire comprendre. Mais l'homme prit juste un petit sac pour sortir une gourde et de la viande séchée. Il n'enlève pas son armure, ni ne compte dormir dans cet endroit inconnu et dangereux.
- Pfff… Je suis vraiment dans le pétrin. Et j'ai l'impression que je ne devrais pas trop trainer ici…
Il se pose fortement contre le mur au bout de la grotte pour s'assoir quand tout à coup, un cliquetis se fit entendre et le mur à gauche de l'homme s'ouvrit, pour laisser place à des escaliers sombres, noirs comme les abysses.
- Je suis un chevalier moi... Un guerrier ! Pas un foutu archéologue ! Puis c'est quoi ce passage secret nul !? s'exclame-t-il, réellement énervé et à bout de nerfs, Mais pour honorer l'Ordre de Chevalerie qu'on m'a obligé à abandonner, je dois au moins réussir ma mission... dit-il d'un ton résolu.
Il se lève lentement, son armure de plates est ensanglantée, sa courte lance d'acier est rangée dans son dos et son épée est à la main. Sa chemise dépasse de son armure et est complètement rapiécée. Ses cheveux sont cendrés alors que son visage simple ne fait apparaître aucune cicatrice, même s'il ressemble visiblement à un guerrier chevronné. Il est grand, et surtout très musclé sans pour autant être massif. Il sort une torche de son sac et elle s'allume toute seule, comme par magie.
Il descend les marches alors que l'obscurité est telle qu'il ne peut voir à plus de quelques mètres devant lui. Cette longue marche lui semble interminable alors que les escaliers tournent et tournent comme la carapace d'un escargot. Il se touche là où il avait été transpercé pour voir l'état de sa blessure et sa blessure a miraculeusement disparu ! Il n'y a même pas une cicatrice mais seulement un trou dans son armure.
Une fois arrivé en bas, des torches s'allument de toutes parts pour laisser place à une grande salle. Cette salle est remplie de dalles de plus d'un mètre de long avec des lettres dessus et tout au bout de la grande salle se trouve une petite porte en bois.
Le chevalier regarde brièvement les murs en pierres jaunis.
- Il y a des petits trous. Sans doute des pièges. Et ces lettres… Il doit y avoir une combinaison spéciale pour ne déclencher aucuns pièges. Mais il n'y a qui me permet de savoir quelle est la combinaison.
Puis il regarde les différentes suites de lettres possibles pour essayer de passer sans encombre.
- Il y a plusieurs choix… « Urgathoa », la déesse-liche des maladies, et « Asmodéus », le dieu-diable des contrats, sont les seuls mots que je reconnais. Ça ne me donne pas vraiment envie…
Alors qu'il continue de réfléchir, il soupir puis se place en face de la porte.
Il fait un pas en avant pour marcher sur la dalle avec la lettre « z ». Tout à coup, un bruit d'engrenage se fait entendre et des flèches volent en direction du chevalier. Les flèches arrivent à toute vitesse dans les flancs du chevalier et celui-ci se met juste les bras autour de la tête pour se protéger.
Les flèches ricochent sur l'armure du chevalier et voltigent dans tous les sens et quand cette salve de flèche s'arrête, le chevalier n'était pas du tout blessé.
- Si ce n'est que ça, je n'ai pas besoin de perdre mon temps ! dit-il avec entrain.
Il se met à courir de plus en plus vite en marchant brusquement sur les dalles. Certaines activent des pièges et d'autres non. Les flèches volent dans tous les sens mais même si quelques-unes restent plantées dans son corps, il n'y prête pas attention et continue sa course irrépressible. C'est alors que l'une des dalles s'affaissa brusquement et qu'il tomba dans le trou. Même si le trou n'est pas très profond, il y a des grands pieux qui se trouvent au fond et qui sont prêt à accueillir le chevalier.
Il remonte difficilement du trou alors que les flèches volent encore un court instant. Il y est presque. Dans quelques mètres il pourrait ouvrir la porte et découvrir ce qu'il y a derrière.
Il s'avance et saute par-dessus la dernière dalle. Il est maintenant en face de la porte et sain et sauf.
- La dernière dalle était sûrement la plus dangereuse…
C'est alors qu'au moment où il s'apprête à ouvrir la porte, un bruit sourd se fait entendre. C'est un sifflement aigu, comme si quelque chose volait en sa direction.
Il se retourne et c'est alors qu'il voit une énorme poutre prête à le défoncer, lui et la porte. Il n'a pas le temps d'esquiver et fléchit donc les jambes, prêt à encaisser le coup. Il croise ses bras pour parer le puissant choc qu'il va subir. La poutre arrive rapidement et frappe de plein fouet le torse et les bras du chevalier qui se met à voler tout en fracassant la porte derrière lui. Il crache du sang et ses bras sont réduits en bouillis, fracturés de toutes parts par le violent choc. L'armure sur ses avant-bras se brise et il n'arrive même plus à bouger ses bras. La porte était bloqué car la poutre a aussi défoncé le mur et le chevalier se retrouve seul, blessé, dans une pièce sombre. Il ne voit rien, il n'entend rien.
- Ce piège a été fait pour être à sens unique on dirait… dit-il en crachant un peu plus de sang par terre. Cette pièce est beaucoup trop calme…
Il se releva doucement alors que ses bras se balancent dans le vide.
Puis l'instant d'après, des torches s'allument et le chevalier n'est effectivement pas seul dans cette pièce. Cette pièce est une salle de banquet. Et ceux qui s'y trouvent ne sont pas vraiment vivants…
- Qu'est-ce-que c'est que ce bordel… Les zombies sont partout… Je sens que va être une partie de plaisir, dit-il avec un engouement certain doublé d'un ton ironique.
Sur les sièges entourant la grande table du banquet, les morts se lèvent doucement pour se diriger vers le seul être vivant. Au bout de la salle, une grande porte domine la salle et elle semble être l'unique chance de sortie pour le chevalier.