Chereads / [FR] Les Sentiers de Dieu - Sulkin Tierran / Chapter 55 - Les visions de la Foudre Éternelle

Chapter 55 - Les visions de la Foudre Éternelle

Si le visage de Yahzin se formait d'éclairs lorsqu'il parlait, c'était bien entendu car il cultivait la magie de la Foudre Éternelle du temple de Silam.

Sulk avait eu cette information dès sa première interaction avec lui.

Il avait même eu des images vives de la Foudre et de ses origines. Et pourtant pas une seule fois n'avait-il pensé à puiser dans ces images des idées pour sa cultivation.

C'était étrange, Sulk savait sa mémoire infaillible, du moins le pensait-il, alors pourquoi ce détail d'une grande importance lui avait-il échappé ?

De plus, il n'avait jamais vu d'éclairs de ses propres yeux, ses seules connaissances à ce sujet venaient de là, il en avait ensuite déduit de quoi était formé le visage de Yahzin.

Sulk chercha dans ses souvenirs.

Maintenant qu'il savait ce qu'il cherchait, le processus était d'une rapidité incroyable.

Il se remémora le moment où Yahzin avait retrouvé partiellement sa mémoire, lorsque Sulk était dans un coma du point de vue extérieur.

Il avait ressenti une déchirure dans son esprit, accompagnée d'un bruit assourdissant.

Il avait immédiatement su que c'était la Foudre, comme si l'idée s'était imposée à lui tout naturellement.

Une vision lui avait rempli l'esprit, et il s'était fait submerger par des images qui n'étaient pas originaires de ses propres expériences.

Sulk se remémora la vision que lui avait enseigné la foudre, se concentrant sur le moindre détail qui pouvait se montrer utile à sa cultivation.

Se plongeant le plus profondément possible dans sa mémoire, il perdit peu à peu tout lien avec l'extérieur alors que les scènes se déroulaient devant ses yeux.

Un homme vêtu d'habits simples, frappé par une lumière éblouissante en une fraction de seconde.

Le même homme inconnu, assis en tailleurs, un air digne et paisible se lisant sur son visage.

Le regard fanatique de son entourage.

Le temps qui passe à une vitesse folle, puis l'homme disparaît, remplacé par un temple immense, toujours au même endroit.

Une foule de gens dans la même position, jusqu'au bout de ce que l'œil puisse voir.

Puis le néant.

Recouvrant immédiatement ses esprits, Sulk fut tiré de sa rêverie.

Il se sentait bien, et pourtant sur son visage, il y avait comme une légère trace d'incompréhension.

Il avait une idée. Ou du moins il pensait avoir une idée.

Et puis la vision s'était arrêtée, et maintenant il était de retour à la case départ.

C'était exactement comme un rêve qui nous semble évident, mais disparaît dès que l'on essaye d'y penser au réveil.

De la même manière que Sulk avait oublié l'existence de ces visions, c'était comme s'il avait maintenant oublié l'idée qui lui était venue.

Et plus il essayait de corréler ses pensées avec les visions, plus celles ci semblaient... changeantes.

"Dans les visions, qu'est ce que l'homme était en train de faire déjà ? Il avait été frappé par la Foudre, et ensuite ? Des gens l'observaient, il leur enseignait ses connaissances ? Non, il était juste assis devant eux. Non ? Si ?"

Déjà c'était comme si Sulk oubliait tout ce qu'il venait de voir.

Sulk était habitué à se remémorer parfaitement chaque sensation, chaque chose sur laquelle il avait posé ses yeux, même le gout piquant de la poussière posée sur sa langue quand il ramassait des roches dans les galeries des profondeurs.

Pourquoi ces simples images courtes lui posaient-elles autant de soucis ?

Bien entendu Sulk tenta de se tourner vers Yahzin, mais le Patriarche restait silencieux.

C'était surement la seule personne au monde qui pouvait l'aider à comprendre l'origine de la Foudre Éternelle, mais il ne lui vint pas en aide, semblant encore pris par sa récupération suite à l'usage intensif de la Trace.

Après tout, même si Sulk avait pu quitter la mine et traverser le monde entier, il n'existait plus une personne aussi proche du temple de Silam que Yahzin dans le monde.

Il avait été un des Patriarches du temples, et était incomparable en termes de maîtrise de la Foudre.

Mais peut-être Yahzin lui même ne pourrait pas l'aider.

Lorsque Sulk lui avait demandé s'il savait déjà quoi faire pour améliorer sa méditation, il avait répondu négativement.

Il n'y avait que deux raisons possibles pour cela, et Sulk le savait.

Soit Yahzin avait pensé aux visions de la Foudre, mais il n'avait pas trouvé d'utilité à ces images, et Sulk perdait son temps à essayer de les revoir.

Soit Yahzin avait également oublié leur existence même, tout comme Sulk.

La deuxième alternative effrayait légèrement Sulk.

Quelle pouvait-être l'explication derrière ce phénomène ? Pourquoi est-ce que la Foudre ne semblait laisser aucune trace dans leur esprit, comme cela ?

Bien sûr il y avait aussi une troisième raison possible pour laquelle Yahzin ne lui avait pas parlé des visions.

Il avait pu mentir consciemment, mais Sulk rejeta l'idée aussi rapidement qu'elle était venue.

Il avait déjà pensé à cela plusieurs fois par le passé, surtout depuis qu'il était coincé dans sa cellule, mais Yahzin n'avait aucune raison de lui mentir de la sorte.

Il était lié à lui inextricablement, et ralentir le progrès de Sulk ne l'aiderait en aucun cas.

Sulk était pensif, assis sur le sol froid de la cellule carrée.

Une vibration de la prison le ramena légèrement à la réalité du monde extérieur.

Plusieurs jours s'étaient déjà écoulés depuis le départ de Mujin, et Sulk avait déjà entamé son deuxième mois isolé, dans la solitude de sa punition.

Ne voulant pas faire les mêmes erreurs que le mois passé, Sulk se leva et entreprit de récolter de l'eau pour manger une ration de riz.

Il ressortit le cube allume feu qu'il n'avait pas brûlé entièrement la dernière fois, et commença la cuisson de sa nourriture.

Avec les deux cubes en plus que Mujin lui avait apporté, Sulk possédait maintenant trois allumes-feu et demi.

Il n'avait utilisé qu'une portion du premier cube, alors que le garde lui en apportait deux par mois.

Sulk n'avait utilisé que le minimum nécessaire pour faire cuire son riz, mais imaginait comment deux cubes pouvaient être utiles pendant un mois entier.

Depuis que Sulk était passé au stade d'éveillé dans sa cultivation de la magie, son corps avait changé, et bien qu'il ne portait qu'un pagne simple, il ne ressentait plus les effets de la température, comme si son corps s'auto-régulait.

Pourtant comparé aux galeries des profondeurs, et à la salle commune avec l'âtre allumé continuellement, la prison de la mine du nord de Kvara était de loin la zone la plus froide.

Les tierrans prisonniers habituels devaient souvent avoir froid et utiliser les cubes magiques pour se réchauffer un peu.

N'ayant pas ce besoin, Sulk les gardait précieusement.

Lorsque Arch lui avait présenté ces cubes permettant d'allumer un feu presque indéfiniment, il avait immédiatement eu une idée.

Après tout la grille refermant la cellule était en bois, et tout le monde savait que le bois pouvait brûler.

Mais après quelques tests, Sulk avait observé que le feu semblait n'avoir aucun effet sur les barreaux, comme si le bois avait été traité spécialement pour éviter ça.

La chaleur émanant d'un cube était loin d'être suffisante, mais Sulk s'imaginait qu'en utilisant un certain nombre de cubes même la grille finirait par céder et s'enflammer.

Il rangea les cubes dans les plis de son vêtement. Le riz était maintenant cuit, il pouvait manger.

Pendant tout son repas, Sulk garda en tête les visions de la Foudre, par peur qu'elles ne s'effacent à nouveau de son esprit.